Après 14 mois passés en détention provisoire, Marie Lô, fille du chanteur Ismaïla Lô, a été jugée hier. Le procureur a requis 2 ans de prison ferme et une amende de 1 million F Cfa. Elle est poursuivie pour escroquerie portant sur plus de 500.000.000 F Cfa au préjudice de beaucoup de commerçants.
Marie Lo, la fille de l’artiste-chanteur, Ismaïla Lo, n’est pas encore sortie du gouffre. Le procureur du tribunal correctionnel de Dakar devant qui elle a été jugée hier, jeudi 7 novembre 2024, a requis 2 ans d’emprisonnement ferme contre elle assortis d’une amende de 1.000.000 F Cfa dans cette affaire d’escroquerie portant sur plus de 500 millions F Cfa. Pour quelqu’un qui a fait 14 mois en détention provisoire, il lui restera 10 mois des 2 ans de prison si jamais le juge suit le parquet dans ses réquisitions. Marie Lo a en effet été interpellée par la Section de recherches qui a été saisie de plusieurs plaintes par de nombreux commerçants qui ont subi un lourd préjudice, (Marie Thérèse Wane : 25 millions, Dame Gaye : 20 millions, Moustapha Amar: 137 millions, Mamadou Ahmet Amar: 190 millions, Aminata Amar : 114 millions et Serigne Moustapha Guèye 43 millions).Selon ces victimes, Marie Lo, en sa qualité de fausse cheffe d’entreprise, leur a fait croire qu’elle avait gagné des marchés auprès de personnalités publiques de l’ancien régime, dans divers ministères. Pour mieux ferrer ses victimes, elle leur a dit qu’elle était l’amie de la femme du ministre de l’Intérieur. Ce faisant, elle leur a fait miroiter un projet à coût de millions et dans lequel ils vont recevoir des ristournes après investissement. Ensuite, elle établissait des factures proforma qu’elle remettait par la suite aux plaignants. Ainsi, elle a réussi à se faire remettre par les parties civiles plus de 500 millions F Cfa.Ces dernières à qui des dividendes ont été promis et qu’elles n’ont pas reçus ainsi que leur investissement, ont saisi la justice pour des faits d’escroquerie.Inculpée, elle a été placée sous mandat de dépôt le 30 août 2023. Après 14 mois en détention provisoire et plusieurs renvois, Marie Lo a comparu hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar où elle a en partie nié ces faits. Elle a d’emblée reconnu devoir de l’argent à toutes ces parties civiles excepté Serigne Fallou Fall à qui elle dit avoir restitué ses 49 millions F Cfa. Elle a aussi reconnu avoir produit des factures proforma devant ces commerçants. Et quand le juge lui a rappelé ses aveux selon lesquels elle avait dit aux victimes avoir gagné ces marchés auprès de ces personnalités publiques, elle rétorque : “les parties civiles s’acharnent sur moi. C’est aujourd’hui qu’elles ont fait bloc pour me demander leur argent alors que lorsque nous étions en affaire, personne ne l’a fait”.
Les avocats des parties civiles chargent Marie Lô
Les parties civiles, après avoir raconté les manœuvres qui les ont poussées à lui remettre ces sommes, ont réclamé les mêmes montants en guise de réparation.Me Alioune Badara Ndiaye, un des avocats des victimes, dira que la prévenue est d’une mauvaise foi manifeste. “Cette affaire a heurté nos convenances sociales. Elle est contraire à l’éthique et à la morale. Elle n’a même pas de cœur M. Le président vu les sommes escroquées. Elle leur a fait croire que l’épouse du ministre de l’Intérieur est son amie. Il n’y avait même pas de marchés et elle n’est même pas gérante d’entreprise”, a tonné la robe noire.Pour sa part, Me Khadim Kébé, qui dit être choqué par cette affaire, a aussi révélé que c’est des vies que Marie Lo a brisées. Me Kébé a déploré le fait qu’elle ait fabriqué des factures proforma alors qu’elle n’en avait pas la prérogative.De son côté, le procureur a indiqué que la remise est déterminée par les manœuvres frauduleuses qu’elle a utilisées. “C’est des faits graves eu égard au nombre de parties civiles et au lourd préjudice causé”, a relevé le représentant du parquet qui a requis contre elle la peine de prison ferme de 2 ans.
Me Abdoulaye Tall, avocat de Marie Lô : «son père a mis en vente un terrain d’une valeur inestimable pour payer les parties civiles»
Me Abdoulaye Tall, de la défense, soutient qu’il faut ramener les faits dans leurs justes proportions parce qu’on a essayé de diaboliser Marie Lo. Fustigeant l’attitude des parties civiles dans cette affaire, Me Tall a ajouté que ces dernières n’étaient pas intéressées par les marchés, mais plutôt par les bénéfices qu’on leur retournait. Me Tall, qui plaide une faute civile de la part de sa cliente, d’ajouter : “dans cette affaire, il y en a qui étaient dans l’usure. C’est ça la vérité. C’est un contrat illégal et immoral. Dans cette affaire, en réalité, Marie Lo est une victime. Je ne plaide pas cette affaire parce qu’elle est ma cliente, mais pour les relations que j’entretiens avec sa famille. Du côté de sa famille, on est en train de remuer ciel et terre pour désintéresser les parties civiles. Même son père a mis en vente un terrain d’une valeur inestimable pour payer les parties civiles”. Les avocats de Marie Lô plaident une «activité d’usure» Me Souleymane Soumaré estime que dans cette histoire, il s’agit d’une activité d’usure qui n’est pas juridiquement protégée. Délibéré au 5 décembre prochain.
Fatou D. DIONE , LES ECHOS