Ancien candidat à la mairie de Ziguinchor, Benoît-Joseph Sambou n’a pas été investi par la coalition « Takku Wallu Sénégal » pour porter ses couleurs au plan départemental. Il figure cependant sur la liste nationale pour les élections législatives de ce dimanche. Il se dit confiant quant à la victoire de leur coalition dans le département de Ziguinchor. L’ancien ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, qui s’entretenait avec des journalistes, indique que tout peut basculer au soir du 17 novembre, au profit de l’un ou l’autre des camps. Il fonde son argumentaire sur le niveau actuel d’acceptation politique.
« J’ai remarqué une chose, et ce sont aussi des témoignages qui me reviennent. Il y a quelques années, on nous chassait même des maisons. Ça ne date pas de très longtemps. Dans certains quartiers, l’accès nous était carrément interdit. Aujourd’hui, la donne a complètement changé », souligne M. Sambou. Il ajoute que cela amène les populations à prendre conscience de leur « tir raté » de mars 2024.
« Aujourd’hui, nous pouvons passer des heures à discuter avec les Ziguinchorois. Ce sont eux qui viennent vers nous. C’est très important, car elles nous écoutent. Je crois en notre victoire parce que nos concitoyens continuent à nous faire confiance », soutient-il, affirmant qu’il ne souhaitait même pas figurer sur les listes. Dans l’opposition depuis mars 2024, Benoît Sambou précise qu’il continuera à militer pour le rayonnement de la Casamance et de ses habitants.
« Takku Wallu » et la nouvelle stratégie de conquête
Depuis le début de la campagne électorale, une seule force semble réellement visible sur le terrain : le parti Pastef. C’est cette formation qui a véritablement animé la région de Ziguinchor, transformant le territoire en un véritable terrain de campagne. Le dimanche 10 novembre, une vaste « caravane de présentation » des candidats investis a sillonné les trois départements de la capitale régionale du Sud. L’ambiance était au rendez-vous. À moins de quatre jours du scrutin, la chasse aux voix se poursuit, et chacune des listes en compétition dans ce département affine sa stratégie de conquête.
La coalition « Takku Wallu Sénégal », dirigée par l’ancien président Macky Sall, qui mise exclusivement sur le porte-à-porte et les visites de proximité, n’est pas en reste. Cependant, pour cette campagne, l’habitué des grands rassemblements et meetings semble avoir changé de stratégie. À la question de savoir si l’opposition avait décidé de laisser le camp présidentiel occuper le terrain politique tout seul, Benoît-Joseph Sambou apporte ses explications. Il estime qu’à Ziguinchor, lui et ses camarades ont voulu changer de méthode en adoptant celle qu’avait développée le pouvoir actuel en 2019 lors de la présidentielle, et en 2022 lors des législatives et des territoriales. Durant ces scrutins, rappelle l’ancien ministre sous le régime de Macky Sall, le camp adverse a mené une campagne discrète, sans bruit. Au final, Ousmane Sonko et ses alliés ont remporté les joutes électorales.
« À chaque étape et pour chaque élection, une nouvelle stratégie. Nous nous sommes dits qu’il fallait changer de formule. Il ne sert à rien de faire du bruit, de croire que nous sommes dans l’euphorie, alors qu’en réalité, ceux qui décident de voter sont à la maison. Ceux qui votent ne sont pas dans la rue à écouter du tintamarre », constate-t-il. De plus, Benoît Sambou révèle que dans leur analyse, ils ont compris que les populations n’aiment pas du tout le bruit et l’agitation. « Il y a une coalition qui fait étalage de sa puissance, et les populations n’aiment pas ça. Si elles ne font pas attention, cela pourrait leur coûter cher un jour », prévient-il, lançant ainsi quelques piques à l’actuel régime.
Gaustin Diatta (Correspondant)