La défaite de « Samm Sa Kaddu » lors du dernier scrutin législatif pourrait remettre en cause la prééminence de « Taxawu Senegaal » dans la capitale dans l’optique des prochaines élections municipales et locales de 2027. Ce revers avec un écart de plus d’une centaine de milliers de voix semble préfigurer des lendemains difficiles pour le maire de Dakar qui envisage de postuler pour un deuxième mandat.
L’enjeu du scrutin législatif pour le maire de Dakar, Barthélémy Dias, leader de la coalition « Samm Sa Kaddu », était double : réaffirmer sa suprématie dans la capitale et se mettre en scelle en vue des locales de 2027. Mais, au regard des résultats provisoires publiés par la Commission de recouvrement des votes de Dakar, ce pari semble être raté. La coalition dirigée par M. Dias, avec 92 435 voix, apparait loin derrière Pastef qui engrange 222 231 voix dans la capitale sénégalaise, remportant au passage les sept sièges du département. Ce succès de Pastef semble démontrer sa mainmise sur la capitale. À la dernière élection présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, candidat de Pastef/Les patriotes, s’était largement imposé avec 45 594 voix devant Amadou Ba (11 823 voix).
Khalifa Sall, ancien maire de Dakar et leader de « Taxawu Senegaal », n’apparaissait qu’en troisième place avec 2406 voix. La stratégie du choc verbal et physique avec le Pastef (attaques contre la caravane d’Abass Fall, violences politiques à Saint-Louis), semble avoir été contre-productive. L’ancien maire de la commune de Sicap-Mermoz-Sacré-Cœur semble s’être enfermé dans une opposition frontale avec Ousmane Sonko, oubliant de faire des propositions et de dérouler son programme au profit des habitants du département de Dakar. Enjeu « Nous avons vu Barthélémy Dias s’enfermer dans des attaques personnelles au lieu d’être une force de contrepropositions à Pastef.
En outre, je pense qu’à terme, son leadership au sein de « Samm Sa Kaddu » va être contesté. Des partis comme le Pur et l’Arc semblent être marginalisés dans cette campagne électorale », déclare Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis. Il s’empresse d’indiquer que cette tactique de choc verbal et physique contre Ousmane Sonko peut lui être préjudiciable dans le futur. « La voie du salut pour Barthélémy Dias passe par renouer les liens avec son mentor, Khalifa Sall, qui garde toujours une certaine influence au sein de « Taxawu Senegaal ». Le parti a besoin de se mettre en ordre de bataille pour reconquérir la capitale. Barthélémy doit se réinventer en pôle attractif et force d’idées et d’innovations pour Dakar qui demeure toujours le principal fief de « Taxawu Senegaal », dit M. Diaw. En outre, la perspective des prochaines élections territoriales, en 2027, semble donner à ce scrutin des allures de premier tour des élections locales. Le parti d’Ousmane Sonko, qui entend assurer sa suprématie dans la capitale (Ndlr : le parti a remporté les 19 communes de la capitale lors de ce scrutin législatif), voudrait surfer sur cette dynamique pour arracher Dakar des mains de « Taxawu Senegaal ».
L’entité issue d’une scission au sein du Parti socialiste (Ps) domine la scène politique dakaroise depuis sa victoire sur la coalition Sopi en 2009. Pour les stratèges de Pastef, l’enjeu des prochaines années est de démembrer les principaux soutiens politiques de Barthélémy Dias dans la capitale. Des ralliements et des départs de maires de « Taxawu Senegaal » vers Pastef sont à prévoir à court terme. Le parti ambitionne ainsi de faire des prochaines locales un scrutin décisif pour enterrer définitivement les rêves présidentiels de 2029 de Barthélémy Dias. Le 28 août dernier, 26 membres de la Cellule des cadres de « Taxawu Senegaal » avaient annoncé leur démission, sans oublier l’opposition de certains autres cadres comme Sanou Dione, député de la 14e législature lors de ce scrutin, qui ont fait montre de leur désaccord avec Barthélémy Dias en dénonçant l’intercoalition « Takku Wallu-Samm Sa Kaddu ». Pour l’ancien responsable du mouvement Convergence socialiste, le succès passe par une revitalisation des structures de « Taxawu Senegaal » autour d’un projet de sauvegarde des bastions de la capitale.
Le parti qui avait construit son succès sur son réseau de maires et la préservation d’un lien indéfectible avec les Dakarois doit se réinventer autour d’un programme novateur et moderne, susceptible d’enthousiasmer les Dakarois. Mamadou Makhfouse NGOM