Bancs publics délabrés, épaves de véhicules abandonnées, dépotoirs sauvages d’ordures, occupations anarchiques…Telle est la situation actuelle. Un après-midi à Niary Tally.
Quelques années seulement après leur aménagement par l’ancien régime du président Macky Sall, dans le cadre de la promotion du cadre de vie dans toutes les villes du Sénégal, notamment avec le Projet «Villes vertes», dont la première phase concernait dix (10) chantiers d’aménagement paysager à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, les espaces verts publics du terrain de Niary Tally sont aujourd’hui à l’abandon.
Un après-midi à Niary Tally. Le soleil darde ardemment ses rayons sur le quartier populeux de la banlieue proche de Dakar ; mais la sensation de forte chaleur n’est pas au rendez-vous. Sur les deux voies de Niary Tally, l’ambiance est celle d’un lieu abandonné. Les ronronnements de moteurs et klaxons de voitures d’automobilistes impatients, sur une route abîmée, les cris des enfants jouant sur des terrains vagues parsemés de détritus, les échanges parfois «tendus» des joueurs de dame perturbent la quiétude des lieux.
Entre épaves abandonnées de voitures et autres cyclomoteurs, ordures ménagères et autres déchets solides, occupations irrégulières et anarchiques par des artisans (mécaniciens – de motos -, menuisiers…), et parkings irréguliers, etc. et des femmesmendiantes assises au sol sur les trottoirs et tendant la main à des passants, dans l’espoir de recueillir quelques pièces, des blancs publics délabrés et cassés ou envahis de détritus, cet espace n’offre plus de commodités aux usagers.
Les rares habitants qui osent encore le fréquenter, pour s’asseoir sur ces bancs publics, sont obligés de les nettoies des déchets et poussière, ou y posent des feuilles ; ou, au mieux, certains apportent (avec eux) des nattes qu’ils étalent à même le sol pour s’assoir. Du fait de l’état de délabrement et du défaut d’entretien de l’espace public. Quid des terrains, rues en mauvais état et de l’absence d’infrastructures sociaux et culturelles de base ? Bref, les espaces publics de Niary Tally ne répondent plus ni aux normes d’urbanisme, ni aux besoins des habitants.
LA FACE HIDEUSE DES ESPACES PUBLICS NIARY TALLY
Pourtant, il y a quelques années seulement, le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, sous la houlette du ministre Diène Farba Sarr, dans le cadre de l’exécution de sa mission de promotion du cadre de vie dans toutes les villes du Sénégal, notamment avec le Projet «Villes vertes», a lancé une première génération de dix (10) chantiers d’aménagement paysager à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, à partir de 2015. Et l’espace compris entre les deux voies de Niary Tally, allant du rond-point Jet d’Eau au rond-point Zone B (Bopp), éligible à ce projet, a été aménagé par le gouvernement, pour offrir un cadre de vie meilleur aux populations locales
Mais, environ quatre ans seulement après sa réception, cet espace se meurt déjà, faute d’entretien. Non seulement les populations pour qui il est embelli ne se le sont pas appropriées, en maintenant l’espace propre et attrayant, mais les autorités notamment locales semblent briller par leur absence.
Ce que regrette M. Waly. «J’aime cet endroit parce qu’il est très apaisant. Mais, je suis déçu par ce qu’il est devenu aujourd’hui. Tu vois, je suis assis au sol, sur ma natte ; tout est devenu très détériorés et insalubre».
Constat similaire chez Fatoumata, vendeuse ambulante, qui cache mal sa déception, après tant d’investissement. «Parfois, je viens m’assois ici, sur un banc, après une longue journée. Mais souvent les supports ne sont plus solides. Et quand je vois des gens s’y appuyer, je crains qu’ils ne tombent.»
LA SANTE PUBLIQUE MENACEE
Il n’y pas que l’espace qui dérange plus d’un. Censées offrir une solution pratique d’environnement salubre aux habitants et commerçants, les toilettes publiques aménagées de Niary Tally sont aujourd’hui dans un état «catastrophique». Les portes sont endommagées, les sanitaires bouchés et l’odeur est insupportable.
Amina, mère de famille, témoigne : «les toilettes sont inutilisables ; je préfère rentrer chez moi, même si c’est loin, plutôt que de risquer d’attraper une maladie. Mais, les commerçants ou les enfants qui jouent ici, n’ont aucune autre solution». Et comme si cela ne suffisait pas, les déchets qui jonchent les espaces publics, le péril plastique, des canettes vidées de leurs contenus et autres détritus ménagers s’entassent partout ou presque, attirant les mouches et dégageant une odeur nauséabonde.
Madame Amy, une habitante, décrit la situation : «chaque soir, à la descente, je passe par ici et je vois des déchets partout. Même quand on essaie de nettoyer un peu, d’autres viennent y déposer leurs ordures ; cela devient nuisible, ils auraient dû penser aux bacs à ordures publics.» Ces déchets ne sont pas seulement une nuisance visuelle mais affectent aussi la santé des habitants, se plaignent les riverains.
LES PORTAILS ROUILLES, UN DANGER POUR LES ENFANTS
Certains espaces publics de Niary Tally sont délimités par des portails en métal. Mais, ces ouvertures, à l’abandon, constituent des menaces potentielles pour les usagers de ces espaces. Très rouillés, fragiles et souvent délogés de leurs charnières, ils représentent un réel danger, surtout pour les enfants.
M. Hamed, chauffeur de taxi, père de famille partage sa mésaventure. «Mon fils jouait près du portail, l’autre jour, quand une partie s’est détachée. Heureusement, il n’a rien ; mais cela aurait pu être grave. Ces portails ne tiennent plus debout et sont une menace constante». M. Abdoul rajoute : «ces lieux sont censés être des espaces sécurisés pour tous et favoriser la cohésion sociale. Je ne suis qu’un passant ; mais souvent, je joue au damier ici, avec mon frère. Que l’Etat prenne ses responsabilités, porte ses lieux à cœur, car ils favorisent le vivre ensemble»
Par ces voix, les habitants de Niary Tally souhaitent vivement la réhabilitation des espaces publics.
Sophia MANGA A NZENGUE