Alors qu’il a déjà porté deux plaintes contre X devant le procureur de la République dans la foulée de ses convocations liées à des procédures d’enquêtes en cours, Abdoulaye Sylla ne s’est pas arrêté en si bon chemin pour demander justice. Il a adressé une lettre ce lundi au Garde des sceaux, ministre de la justice, pour attirer son attention sur ce qu’il appelle « les procédures judiciaires injustifiées. » S’adressant ainsi à Ousmane Diagne, Abdoulaye Sylla revient ses déboires en ces termes : « Tout d’abord, je tiens à porter à votre connaissance que cela fait un quart de siècle qu’en ma qualité de citoyen voire de justiciable, je fais appel ou réponds personnellement ou ès-qualité aux services de la Justice, sans aucune difficulté. Je crois fermement que les Lois de la République sont d’application générale et que nul ne devrait y déroger, s’y soustraire ou ne pas en bénéficier. Cependant, par la présente, je me permets de vous écrire afin de porter à votre appréciation une situation grave et particulièrement préoccupante dans laquelle je me trouve impliqué, pour avoir fait l’objet de procédures judiciaires dont les motifs apparaissent manifestement sans fondement sérieux. »
A ce titre, il a soumis à l’attention du Garde des sceaux les deux plaintes qu’il a déposées sur la table du procureur. La première fait suite à la convocation à la Brigade des Affaires Générales de la Division des Investigations Criminelles pour être entendu, selon lui, sur la base de faux documents qu’un examen sommaire aurait pu révéler, et « selon lesquels j’aurais transporté illégalement une quantité de 2740 kg d’or à Dubaï avec un jet privé en passant par Orly. » Et la seconde vient après sa convocation à la Section de Recherches de la Gendarmerie Nationale pour être entendu sur un document bancaire selon lequel la société ECOTRA dont il est le représentant légal, aurait fait un virement de 500.000 euros sur le compte de la SCI NIANG qui appartiendrait à Monsieur Mame Mbaye NIANG et qu’il aurait personnellement effectué en plus, un dépôt de 2.000.000 d’euros sur ledit compte.
A l’appréciation du Garde des sceaux ministre de la justice, Abdoulaye Sylla indique qu’il lui est matériellement impossible de commettre de tels faits compte-tenu du caractère manifestement faux des documents. « D’ailleurs, comme vous le savez, personne ne peut transiter à Paris avec 2.740kg d’or sans que la Douane française n’opère une saisie sur le produit en raison de la législation spéciale applicable en la matière », ajoutera-t-il. Mieux, d’après l’homme d’affaires, « il n’est pas possible non plus pour une personne physique de déposer dans un compte bancaire en France, sans être appréhendée, la somme de 2.000.000 d’euros en espèces, soit la contre-valeur de 1.310.000.000 FCFA. »
C’est pourquoi il demeure convaincu d’une chose : « Même si ce n’est pas mon domaine de compétence, il me semble qu’une vérification minimale et préalable de tous ces documents par les enquêteurs, m’aurait épargné ces convocations. » En réalité, il espère qu’au terme des enquêtes qui s’en suivront, afin qu’ils en répondent devant la Justice, les faussaires qui sont à l’origine de la confection de ces documents seront identifiés. « S’il ne peut être discuté qu’en tant que citoyen, je me dois de répondre à toute interpellation de la Justice, ce à quoi je suis particulièrement disposé, il n’en demeure pas moins qu’au regard d’une certaine récurrence qui commence à être assise, je ne suis pas loin de penser être victime d’un harcèlement, voire d’une entreprise de nuisance savamment conçue et mise en œuvre par des personnes tapies dans l’ombre, à l’origine de la confection de ces faux documents et qui sont assez influentes pour obtenir les suites que je dénonce », dénonce-t-il dans la foulée. Il croit par ailleurs que « ces procédures judiciaires enclenchées à mon encontre s’apparentent en l’état, à un véritable acharnement que je déplore. »
Mais, en tout état de cause, Abdoulaye Sylla dit entendre résolument se battre pour la protection de ses droits alors surtout que son image et son crédit prennent de sérieuses écorchures du fait de la médiatisation à outrance de ces affaires affectant par voie de conséquence, les relations avec l’ensemble de ses partenaires. « Je rappelle que lors de ma première convocation, je suis resté plus dix (10) heures à la disposition des enquêteurs et mieux, les termes du procès-verbal d’enquête de la BAG auraient dû convaincre les enquêteurs de la Section de Recherches de l’inopportunité de ma seconde audition, quelle qu’en soit la motivation, et ceux de mes sociétés pour m’éviter des préjudices ultérieurs qu’il serait difficile de réparer », a-t-il insisté. « Pour ces raisons, je m’en ouvre à vous en votre qualité de Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Chef des Parquets et garant du bon fonctionnement de la Justice, afin de solliciter votre haute bienveillance pour examiner cette situation et si possible, engager des mesures appropriées pour faire cesser ce trouble manifeste », sollicite-t-il ensuite, estimant qu’il est contraint par une actualité judiciaire qui préjudicie gravement à sa personne et à ses intérêts, lesquels, à son avis, requièrent que justice soit faite.
Amadou DIA