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Au bon vieux temps où l’école sénégalaise n’avait pas perdu son lustre, on pouvait apprécier le respect intégral d’un certain code de conduite. Les salles d’études — qui n’existent pratiquement plus dans nos établissements publics — c’était pour éviter le vagabondage des élèves dans les rues en l’absence d’un professeur.

Il arrivait aussi qu’on serve à l’élève peu studieux ou indiscipliné une « colle ». Ce qui le contraignait à venir étudier un jour de repos—un samedi ou un dimanche par exemple — sous la surveillance d’un enseignant. Il était interdit de se présenter à l’école mal fagoté ou avec les cheveux mal peignés. Il était impensable de voir les filles maquillées ou avec du vernis sur les ongles.

Ne parlons évidemment pas des cheveux « naturels » qui font ressembler nos femmes à des macaques, ou encore des faux cils ! Les jupes courtes étaient prohibées si bien qu’il était impossible pour nous autres voyeurs d’apercevoir les cuisses d’une demoiselle. Des surveillants sévères étaient particulièrement regardants sur le port des lycéens que nous étions. Aujourd’hui les garçons font tomber le pantalon, ont les cheveux en bataille et portent même des dreadlocks. Quant aux filles, elles sont outrageusement maquillées en plus de leurs cheveux « naturels » et n’hésitent pas à faire vivre le martyre à leurs jeunes professeurs en les allumant grave et aussi par un harcèlement féroce qui fait perdre tout discernement à ces malheureux souvent poursuivis pour détournement de mineures. Alors qu’ils sont victimes de provocations et que les habits de leurs élèves du sexe féminin ne leur cachent plus rien !

Tout cela au nom d’une certaine liberté sans que personne n’ose y trouver à redire. Dans ces conditions, voir des établissements scolaires exclure des jeunes apprenantes qui se veulent prudes, nous parait un peu paradoxal. Surtout dans un pays à 90%demusulmans avec notre si cher et apprécié dialogue islamo-chrétien où l’on a vu même un prêtre passer du Coran à la Bible. Dans un pays si exceptionnel, voir une fille voilée dans une école de confession chrétienne ne devrait point être source de friction. Cela devrait plutôt illustrer la bonne connivence entre les religions musulmane et catholique.

Dès lors que la présence de la voilée ne perturbe pas les cours, elle ne doit pas faire l’objet de rejet. Notre commun vouloir de vie commune ne doit pas être malmené à cause d’un bout de tissu. Si, au sein d’une même famille mixte, chacun vit sa foi religieuse, à l’école où toutes formes de discriminations sont bannies, cette cohabitation devrait être plus facile encore. La guerre de religions qu’essaient d’agiter des esprits tortueux et animés par des calculs politiques, ne saurait prospérer dans ce bon vieux pays de tolérance et de cohabitation harmonieuse qu’est le Sénégal.

Ce qui nous unit étant plus important que ce qui pourrait nous diviser. Il faut vite gommer ce malentendu et laisser ce combat improductif à la France qui s’éloigne chaque jour de nos aspirations. Surtout, il faut faire échec aux extrémistes de tous bords, qu’ils soient catholiques ou musulmans, les Sénégalais étant des gens modérés et de juste mesure.
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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