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Le palmier à huile donne un cachet unique au paysage de la Basse-Casamance. Quiconque s’y rend sait que cet arbre dispose d’une place particulière dans le paysage local, mais aussi dans le cœur des Sénégalais vivant dans la partie Sud. Grâce à ses multiples usages, le palmier jouit d’un statut particulier dans le patrimoine culturel en Basse-Casamance.

Après la Gambie et la Haute-Casamance, la Basse-Casamance marque la limite septentrionale de l’aire naturelle du palmier à huile de “l’Afrique des palmes” qui s’étend de la Guinée au Congo. Comme son nom latin l’indique, l’Elaeis guineensis est une espèce d’origine guinéenne communément répandue en Casamance, mais qui a su conquérir la planète.

On estime, aujourd’hui, que cette variété est la plus exploitée pour la production d’huile de palme qui ne cesse de croître depuis plus de 50 ans. De nos jours, outre les usages alimentaires classiques comme huile de cuisine issue des drupes (fruit de l’arbre), l’industrie oléagineuse utilise les dérivés de cette espèce pour en faire des matières grasses pour la fabrication des produits cosmétiques, des lubrifiants, des produits pharmaceutiques, l’agrochimie. L’espèce fournit également de la matière pour la savonnerie, la synthèse du biocarburant.

Loin des plantations industrielles, les Casamançais sont, malgré tout, maîtres lorsqu’il s’agit d’exploiter les vertus de cet arbre emblématique dans la partie du Sud du Sénégal. Ainsi, les résidus de la préparation de l’huile ont chacun leur usage et utilité : les fibres servent comme appâts pour la pêche, les rafles comme fumures dans les rizières. La sève de l’arbre, au goût doux, avec une pointe d’acidité qui attaque le palais, se laisse récolter abondamment pour se déguster avec modération, mais toujours lors des festivités, cérémonies.

Les feuilles sont utilisées dans la confection de faux plafonds. Le tronc est souvent sectionné et découpé pour servir soit à un assemblage pour la réalisation des ponts de fortune pour enjamber les ruisseaux, soit en lattes pour la charpente des maisons ou des chaumières. Enfin, parfois, le “cœur du palmier” ou “chou palmiste” est utilisé dans la cuisine. « Ici, on cajole l’arbre. On ne le blesse pas », confie Bassebel, récolteur depuis l’âge de 12 ans.

Malgré tout le soin apporté à ces arbres, leur présence est de plus en plus incertaine. Le palmier est un pan de la culture dans cette partie du Sénégal. Aujourd’hui, la rareté des pluies menace cette espèce. Les espèces hydriques successifs auront peut-être raison du palmier ?

Daryl AUBRY

Article publié dans Le Soleil en janvier 2021

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