Autrefois marquée par des tensions en période de campagne électorale, la commune de Ziguinchor connaît cette année un calme apaisant et inhabituel. La campagne est ponctuée d’une tranquillité que célèbrent les conducteurs de vélos-taxis, communément appelés « Jakartamen ».
En fin d’année 2021, à quelques jours de l’ouverture de la campagne pour les élections territoriales de janvier 2022, des échauffourées avaient éclaté entre partisans de l’ancien ministre Doudou Ka et ceux du leader de Pastef, Ousmane Sonko, causant des blessés des deux côtés. La violence avait pris le dessus malgré les nombreux appels au calme. Cette année, le contraste est frappant. Depuis le début de la campagne pour les législatives anticipées du 17 novembre, aucune scène de violence n’a été signalée dans le département, ni dans la région de Ziguinchor.
Les opérations de charme se déroulent avec une retenue inédite et dans une atmosphère paisible. Dans cette région du Sénégal, les « Jakartamen » se réjouissent de l’attitude des jeunes, qu’ils considèrent comme ayant mûri. Ceux rencontrés dans leur garage, près du rond-point Jean-Paul II, affirment que la jeunesse semble enfin comprendre que la violence n’est pas une solution.
Mamadou Lamine Mané, un jeune conducteur de vélos-taxis, ouvre la discussion en affirmant que la violence doit être définitivement bannie : « Nous avons vécu beaucoup de violences dans cette commune, et c’est nous, les jeunes, qui en avons payé le prix fort. Nous avons perdu des proches à cause de cette violence », se rappelle-t-il, pensif. Il appelle à combattre la violence sous toutes ses formes et se réjouit de la campagne actuelle, qu’il décrit comme « timide mais bénéfique à tous, dans un calme où chacun peut vaquer librement à ses occupations. »
Comme lui, Amadou Diallo exprime sa satisfaction face à l’absence de violences cette année. « À Ziguinchor, la campagne est apaisée, et cela se ressent partout. Les jeunes semblent avoir changé de mentalité, ayant compris que la violence n’apporte rien et nuit à la cohésion sociale. C’est une bonne nouvelle pour tout le monde. Nous refusons les discours qui pourraient engendrer la violence », souligne Amadou.
Les attentes de la jeunesse
Aujourd’hui, les jeunes de Ziguinchor ont des attentes claires pour les futurs députés de la région. Ils souhaitent que leurs représentants défendent les préoccupations de leur communauté à l’Assemblée nationale afin que l’exécutif apporte des solutions concrètes. « La campagne se déroule dans un calme total. Le 17 novembre, nous irons voter, mais les députés que nous choisirons devront savoir qu’ils ont été élus par une base qui leur fait confiance. Nous attendons d’eux qu’ils méritent cette confiance et qu’ils travaillent pour le développement de la région de la Casamance et de tout le Sénégal », insiste un autre jeune.
Omar, qui préfère ne pas donner son nom de famille, exhorte les futurs députés à s’engager pleinement pour identifier et répondre aux besoins prioritaires des habitants de Ziguinchor. « Récemment, le Premier ministre a demandé aux Sénégalais de contribuer financièrement pour soutenir la campagne électorale. Nous avons donné 1 000 F CFA chacun, et nous espérons que nos efforts ne seront pas vains », déclare-t-il fermement.
Malgré une campagne discrète, les « Jakartamen » ne se plaignent pas. Bien que les gains soient moindres qu’en 2022, ils se réjouissent de la stabilité qui règne dans la région. Si les revenus ont baissé, l’espoir d’une paix durable leur permet de continuer à penser à l’avenir de leur Nation.
Par Gaustin DIATTA (Correspondant)