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Considéré comme le mois de la sensibilisation dans la lutte contre le cancer, Octobre est notamment une occasion pour lever les tabous autour de la maladie. Beaucoup d’activités liées à la sensibilisation et à la prévention sont organisées à travers le pays pour inciter les femmes au dépistage précoce, à partir de 40 ans. Artiste plasticienne, Fatim Mbengue considère d’ailleurs avoir son salut qu’au dépistage précoce, estimant qu’au cas contraire, « peut-être » qu’elle ne serait plus là en train de témoigner sur le cancer.

Nous sommes en 2020, en plein Covid-19, quand elle a bénéficié dans son lieu de travail un dépistage du cancer dont les résultats sont revenus positifs. « Quand j’ai obtenu les résultats, c’était ça en fait ! Je ne me suis jamais dite pour autant que j’allais mourir de cette maladie », dira-t-elle, lors de la journée de sensibilisation et de dépistage du cancer du sein du col de l’utérus, organisée mardi dernier par l’Amicale des femmes du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, à la Place du souvenir.

Dans un premier temps, elle dira que sa prise en charge a été assurée par sa famille et l’ONG pour laquelle elle travaillait, avant d’épuiser toutes ses économies plus tard, après son licenciement survenu entre-temps. « J’ai fait une intervention chirurgicale dans une clinique de la place et pris contact avec une autre clinique privée pour suivre le traitement. A ma deuxième séance de chimiothérapie, on m’avait licenciée. C’est avec l’assistance de Dr Diouf que la LISCA m’a prise en charge. Jusqu’à présent, je suis traitée parce que le traitement dure 5 ans et j’ai commencé en 2020 », ajoutera-t-elle.

Selon la Ligue sénégalaise contre le cancer (LISCA), plus de 12 000 nouveaux cas, avec 8500 décès sont recensés chaque année au Sénégal. Les chiffres du cancer du col de l’utérus sont alarmants en ce sens qu’il touche plus les femmes, avec 2.024 nouveaux cas et 1.312 décès par an. En deuxième position, nous avons le cancer du sein avec 1.817 nouveaux cas chaque année, dont 951 constituées des femmes atteintes, contre 976 décès.

Présidente de la LISCA, Dr Fatma Guenoune renseigne que les femmes sont plus touchées par les types de cancer avec 99% des cas et 1 % pour les hommes. « Le cancer du foie est relégué en 3ème place, suivi du cancer de la prostate. Autour de 50 ans chaque homme doit avoir un urologue  comme, on cherche un avocat ou les femmes quand elle cherche un gynécologue », conseille-t-elle.

Présidant la cérémonie, Mme Khady Diène Gaye, ministre des Sport de la jeunesse et de la culture a attiré l’attention sur le triste bilan de la maladie. « La première fois quand j’ai vu une personne souffrant d’un cancer et qui sortait d’une séance de chimio, j’ai invoqué Le Tout Puissant. Je me suis certes dite qu’aucune mort n’est facile, mais mourir du cancer est encore plus terrible. Je ressentais la douleur de la patiente. Je la regardais, le médecin aussi, mais personne n’y pouvait rien. J’ai même perdu une promotionnaire victime du cancer de la gorge. En quittant la vie, elle a laissé une petite famille derrière elle », regrette la ministre, invitant toutes les femmes à privilégier la prévention.

Abordant les facteurs favorisant le cancer, Dr Fatma Guenoune a parlé d’alcool et de tabac, en disant qu’ils sont responsables de 3% de la survenue de tous les cancers. « Il faut éviter l’alcool et le tabac ! Il y a beaucoup de femmes qui fument pour s’affirmer mais fumer n’est pas un signe d’affirmation. Et les femmes qui ont un époux qui fume, il faut lui dire de sortir de la chambre pour fumer dans la cour. Car il y a beaucoup plus de fumeurs passifs qui contractent le cancer que les fumeurs actifs », prévient-elle.

Entre autres facteurs, la Présidente de la Lisca dira que l’hérédité qui touche les femmes issues d’une famille à cancer, en est aussi un. Elle a aussi cité les règles précoces – avant 12 ans –, la ménopause tardive, ainsi que l’obésité qui est un facteur prédisposant du cancer du sein.   « Les femmes qui se marient très tardivement, après 35 ans, ou une grossesse après 45 ans, sont sujettes au cancer du sein. De même que celles qui n’allaitent pas. Mais pour tous cas, il faut une consultation annuelle », ajoutera-t-elle. Dr Guenoune a par ailleurs insisté sur les méthodes naturelles de prévention appelant à manger sainement en privilégiant la viande rouge une fois par semaine et les fruits et légumes bio ; et aux femmes à faire de « l’auto-examen des seins chaque mois, la mammographie chaque deux ans à partir de l’âge de quarante ans. »

En outre, c’est un secret de polichinelle : le cancer touche de plus en plus les jeunes. La ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, a d’ailleurs appelé à la pratique régulière du sport qui, selon elle, permet de se protéger au moins de huit types de cancer. Seulement, au Sénégal, le traitement du cancer est très coûteux pour les malades, et Dakar concentre plus de patients dont la plupart viennent des autres régions. C’est pourquoi Fatim Mbengue, dans son plaidoyer, demandera « à davantage soutenir la LISCA pour qu’elle ait les moyens de sa politique. »

Amadou DIA 

editor

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