Une bonne partie des listes en compétition lors de ces législatives était dirigée par des quadragénaires. Ils s’appellent Tahirou Sarr, Mouhamadou Madana Kane, Mamadou Salif Sow, Mouhamadou Hamidou Diallo, etc. Ces nouveaux leaders sont en train de prendre le pouvoir dans le discours politique.
La tête de liste de la coalition « Samm Sa Kaddu », Barthélémy Dias, avait raison de qualifier, lors d’une interview télévisée durant la campagne électorale, ces élections législatives comme une « affaire de générations ». Autrement dit, des quinquas par opposition aux têtes de liste comme Macky Sall et Amadou Bâ, des soixantenaires qui semblent, aujourd’hui, dépassés par le débat politique porté par la nouvelle génération incarnée par les jeunes leaders politiques. Sur la quarantaine de listes qui étaient en compétition, une bonne partie était dirigée par des jeunes ou composée de jeunes. À commencer par la liste victorieuse du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), dirigée par Ousmane Sonko. Cette formation politique, essentiellement portée par la jeunesse, a axé son discours depuis sa création, il y a une dizaine d’années, sur les questions de souverainisme et de rupture. Des thèmes chers à la jeunesse. Ce n’est pas pour rien que les canaux de communication utilisés par ce parti politique soient essentiellement ceux prisés par la jeunesse, tels que les réseaux sociaux.
À côté de Pastef, d’autres jeunes leaders politiques ont eu aussi à émerger lors de ces élections législatives. C’est l’exemple de la tête de file de la liste nationale de la coalition des nationalistes « Jël Linu Moom », Tahirou Sarr, Mouhamadou Madana Kane, tête de liste nationale de la coalition « Dundu Leneen », Mamadou Salif Sow, de la liste du parti Ensemble pour le Sénégal, ou encore Mouhamadou Hamidou Diallo, de la coalition « Gox Yu Bess ». Cette nouvelle vague de jeunes qui a investi le champ politique est tout à fait normale et naturelle. Selon les résultats du 5e Recensement général de la population et de l’habitat du Sénégal, la moitié de la population résidente a moins de 19 ans et les moins de 15 ans représentent 39 % de l’effectif total. Les moins de 35 ans constituent 75 % des résidents en 2023. Donc, une pyramide d’âge dominée par la tranche jeune qui, d’habitude, est aussi contestataire qu’avide de liberté. Cela explique davantage le succès du Pastef qui a su surfer sur ce ton contestataire de la jeunesse dans sa marche vers le pouvoir. Cette montée de la jeunesse dans le champ politique va certainement être plus visible dans les années à venir pour ainsi arriver à un vrai renouvellement générationnel au niveau des leaders politiques.
Par Oumar NDIAYE
