Dans le convoi, il est l’ombre d’Ousmane Sonko. Impossible de voir la tête de liste de « Pastef/Les patriotes » sans l’apercevoir. Avec une mine concentrée, Fadilou Keïta prend sa mission très au sérieux. Celle de directeur de campagne de cette coalition.
Sa casquette noire bien ajustée pour se protéger contre les rayons du soleil et ses chaussures soigneusement lacées, l’homme ne marche presque jamais. Marcher ne suffit plus, il court au rythme du véhicule de son leader. En tant que maître d’œuvre de la campagne chez les patriotes, Fadilou Keïta est toujours sur le qui-vive, ne laissant transparaître aucun signe de fatigue. Sa détermination et son engagement font de lui un pilier indispensable de la campagne pour ces élections législatives. La preuve, dans le convoi, il donne le ton : le feu vert pour démarrer et la direction à emprunter. Fadilou fait preuve d’une grande rigueur dans l’organisation de la campagne. Il définit le positionnement du camion et celui du véhicule transportant les journalistes.
Quand le cortège arrive dans un département, il ordonne aux agents de sécurité de placer les investis à côté de leur tête de liste et détermine le temps de parole pour chacun d’eux. Et lorsqu’un candidat investi dépasse son temps de parole imparti, il lui fait signe discrètement, sans jamais se départir de son sérieux. En tant qu’allié de la coalition Pastef/Les patriotes, Boubacar Kamara estime que Fadilou Keïta gère d’une main de maître la bonne marche de la caravane. « J’ai été très ravi de découvrir une autre facette de lui. Sa ténacité sur l’itinéraire est impressionnante. Il se bat toujours pour maintenir ses itinéraires et impose parfois des arrêts en raison de la foule. Sa capacité d’adaptation, que nous avons pu observer dans l’organisation, est un talent que nous avons beaucoup apprécié. Nous le félicitons et l’encourageons. Ce qui est constant chez lui aussi, c’est son attitude correcte et sa politesse », expliquet-il.
« 10 kilos perdus depuis le début de la campagne »
Tout au long de la caravane, malgré les kilomètres parcourus, le fil de la communication ne s’interrompt jamais entre les deux hommes. De temps à autre, Fadilou chuchote quelque chose à Ousmane Sonko. Lors des grands meetings, il s’assoit toujours derrière lui, ne se limitant pas à un rôle de simple spectateur. Il échange régulièrement avec son candidat et lui glisse parfois des notes griffonnées sur un bout de papier. « Je l’observe au quotidien et je constate que Fadilou Keïta fait un excellent travail sur le terrain, avec beaucoup d’ouverture et de rigueur », témoigne Déthié Fall, présent dans la caravane depuis le coup d’envoi de la campagne.
Malgré le soleil ardent, M. Keïta porte toujours une veste sans manches sur ses tee-shirts. Son visage, souvent impassible, laisse peu de place aux émotions. Sauf lors des moments de complicité avec Ousmane Sonko. Les rares fois où on l’a vu sourire, c’est lorsque ce dernier racontait, à Saint-Louis, l’anecdote amusante de ses pastilles. À Kaolack, il n’a pas hésité à se rapprocher des militants en prenant des photos avec eux. « Je ne suis pas sévère, mais je veux juste me concentrer sur ma mission. C’est une grande responsabilité placée en ma personne et je fais tout pour la réussir. Si Ousmane m’a désigné comme son directeur de campagne, c’est parce qu’il a confiance en moi », confie-t-il. Avant d’ajouter : « Je mange bien, mais j’ai perdu 10 kilos depuis le début de la campagne à cause de la fatigue. Le rythme est très soutenu, mais on tient le coup. Il y a parfois des débordements à cause de la foule, mais nous arrivons toujours à gérer ».
Un don de soi pour le parti et une gestion des convois que maitrise parfaitement l’actuel directeur de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Pour cause : Fadilou Keïta a fait la prison sous l’ancien régime alors qu’il était le coordonnateur du « Nemmeeku Tour » de Pastef… Aliou DIOUF (Envoyé spécial)