Logo2samedia Corp

Les victimes et ex-détenus des manifestations politiques (2021-2024) ont fait face à la presse, hier, pour demander aux autorités de faire diligence dans la distribution des indemnités allouées. Regroupés au sein d’un collectif, ils ont insisté sur l’urgence dans la prise en charge de beaucoup d’entre eux qui nécessitent toujours des soins médicaux. « La lenteur administrative est insupportable », dénonce Abo Gadiaga. Cette victime qui attend d’être indemnisée demande à l’Etat de faire preuve de célérité. Car, selon lui, trois personnes ont récemment succombé à leurs blessures, avant même de toucher à cette indemnité.

« Je rappelle aux autorités que parmi les victimes, certains sont atteints de démence et d’autres de maladies graves à cause de la prison et qui peinent à prendre en charge les soins qui siéent », a-t-il révélé. Ainsi, lui et ses camarades souhaitent que « toutes les victimes, qui sont toujours souffrants, bénéficient de la couverture sanitaire universelle, ainsi que de la carte d’égalité des chances, mais aussi un accès aux financements, afin qu’ils puissent retrouver une activité génératrice de revenus que ce fut le cas avant qu’elles ne subissent ces atrocités ».

Abo Gadiaga, victime : « parmi les victimes, certains sont atteints de démence et d’autres de maladies graves à cause de la prison et qui peinent à prendre en charge les soins qui siéent » 

Abo Gadiaga en a aussi profité pour lancer un appel au garde des Sceaux. « Ceux qui nous ont infligé ces atrocités continuent de vaquer à leurs occupations. Nous demandons au ministre de la Justice de sévir contre eux. Par conséquent, nous estimons et souhaitons que la loi d’amnistie soit abrogée pour que les responsabilités soient situées et les coupables punis », a-t-il plaidé.

Pour cette mère de victime, le plus affligeant c’est l’état dans lequel leurs enfants ont quitté la prison. « Nos enfants ont été transformés en prison, ils ont été mutilés et traumatisés dans les geôles. Ils n’ont plus la capacité de travailler, les parents souffrent, ils sont malades, ils ont perdu la tête. Ils ont besoin d’assistance psychologique, à cause des tortures qu’ils ont subies en prison. Les voleurs de la république errent dans le pays sans être inquiétés et pendant ce temps nos enfants qui ont été injustement détenus et torturés ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes », a déploré Coumba Yafa.

Coumba Yaffa, mère d’un ex-détenu : « nos enfants ont été transformés en prison, ils ont été mutilés et traumatisés dans les geôles. Ils n’ont plus la capacité de travailler »

Prenant la parole, Lamine Sonko a fustigé un certain manque de considération. Pour ce représentant des ex-détenus, défendre le projet leur a valu l’incarcération. Et pour ce faire, dit-il, il exige de la reconnaissance, surtout de la part du premier ministre. « Nous avons fait toutes les démarches pour avoir une audience avec lui et ce depuis neuf mois. Cependant, aucune suite n’est donnée à notre requête. Nous sommes fatigués. Et il ne faut pas oublier que défendre le projet a coûté la vie à beaucoup de nos concitoyens », a-t-il martelé.

Durant son intervention face aux journalistes, Moussa Sylla a relevé des manquements de la part de la commission chargée de répartir les indemnités. « Depuis qu’on a annoncé la répartition, nous n’avons encore rien reçu. Certains qui sont dans un cas similaire au mien ont des dettes à honorer. Avant que je ne sois incarcéré, j’avais mon atelier de couture et des machines à coudre. Malheureusement, à sa sortie de prison, j’ai tout perdu et là je suis couvert de dettes. Mes créanciers m’appellent souvent pour me demander si où en sont les choses », a-t-il soutenu.

Moussa Sylla, Pastef : « la plupart des bénéficiaires ne bénéficient pas de pièces d’identité et c’est qui retarde le processus »

Si l’on en croit ce militant de Pastef, il y a un fait important et non moins sérieux qui bloque le dispatching. « La plupart des bénéficiaires ne bénéficient pas de pièces d’identité et c’est qui retarde le processus. Aussi, on dit que pour disposer des sous, il faut que les identifiants qui figurent sur la pièce soient les mêmes que ceux inscrits sur le certificat de libération.  Or, bon nombre d’entre eux, je dirais 80%, ont fourni de fausses identités. Pour ces cas, nous demandons aux autorités de nous aider à trouver un autre moyen pour ces jeunes soient indemnisés », reconnaît-il.

Ndèye Aminata Sagar DIAHAM

editor

    Related Articles