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Transformant le paysage de la communication politique, les designers tirent largement profit de la campagne électorale.

La campagne électorale pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 bat son plein. Les différents candidats essaient de se mettre en avant pour convaincre les électeurs. Pour y arriver, ils ont besoin d’une certaine visibilité à travers les affiches de campagne, les tee-shirts et polos offerts aux militants et sympathisants. C’est là qu’interviennent les infographes, sérigraphes et autres qui confectionnent ces outils. Pour ces travailleurs, la campagne électorale est l’occasion de se faire un nom dans le milieu et des sous. Si les appareils de sérigraphie d’avant prenaient plusieurs heures entre la pose de plusieurs couches, ceux d’aujourd’hui sont plus performants. A Guédiawaye, les magasins d’imprimerie sont légion. Certains ont été cooptés par des candidats ou leurs proches pour la confection d’affiches, de flyers et de tee-shirts pour les meetings et caravanes. C’est le cas d’Ahmadou Bamba Diagne Kassé. Ce jeune homme de 29 ans est infographe-designer et imprimeur. Il collabore avec la mairie de Golf Sud qui lui a attribué un marché dans le cadre de cette campagne électorale. Dans son appartement, situé en face de la cité Aliou Sow, il explique que cette campagne électorale des législatives anticipées est différente de celle de la présidentielle de mars 2024 qui était plus intense en volume de travail.

Des billets

Mais, cela ne l’empêche pas de travailler jusqu’à une heure du matin. « Je fais les conceptions avant de les proposer aux clients qui peuvent apporter des retouches », avance-t-il tout sourire. « D’habitude, en période de campagne électorale, je ne me reposais pas le dimanche. Hier (dimanche, Ndlr), j’ai fini une commande de polos à une heure du matin », précise-t-il. Malgré un carnet de commandes moins rempli, les designers et imprimeurs se frottent les mains. « Les périodes de campagne sont plus rentables. On peut engranger en une journée ce que l’on gagne habituellement en une semaine. Selon le budget du client, je choisis le type de polos. On a des partenaires dont certains sont à Dakar. Parfois, j’ai des commandes de 10 000 ou 15 000 exemplaires. Il faut passer la commande et parfois prendre un stock entier pour l’écouler progressivement », confie Ahmadou Bamba. « On est plus occupé vu que certains candidats veulent qu’on leur livre la commande immédiatement. Du coup, il y a des jours où on finit tard, à 2 heures, voire 4 heures du matin », renchérit Mohamed, un autre infographe et imprimeur. Certains polos avec impression coûtent 5000 FCfa, d’autres 4000, voire 3500. C’est selon la qualité voulue par le client. La sérigraphie coûte 3500 FCfa et ne prend pas de temps. En dehors des campagnes électorales, les designers et imprimeurs travaillent avec les Ong, les entreprises. Ces infographes ne se limitent pas à l’impression de tee-shirts et polos. Ils font également des affiches pour les voitures, des casquettes, des étiquettes, des bâches, des autocollants, des tirages sur papier simple… Une diversification qui permet à certains comme Idy de gagner près de 500 000 FCfa au moins en quelques jours de campagne électorale.

500 000 francs en quelques jours

D’autres acteurs profitent également de la campagne électorale. Il s’agit des propriétaires de baffles et de voitures de sonorisation. Ces derniers sont aussi importants que les concepteurs de visuels. « Avec autant de candidats, il y a moyen de gagner de l’argent. J’ai été sollicité pour mes baffles et je m’en sors bien. Mais, je ne vais pas communiquer mon chiffre d’affaires. Les trois semaines de campagne vont me permettre d’assurer mes arrières. Les manifestations politiques sont du pain béni pour nous. D’habitude, je loue mon matériel pour les cérémonies familiales (mariage, baptême) les conférences, etc. Si le président Bassirou Diomaye Faye le veut, il peut même organiser les élections locales anticipées, ça nous ferait plaisir », lance celui que l’on nomme Dj (disc-jockey). Une déclaration qui fait rire les personnes présentes. Cependant, travailler avec les hommes politiques ne va pas sans contraintes. Certains demandent l’exclusivité ; ce qui peut restreindre le travail des infographes. « Je collabore avec tout le monde, même si j’ai une relation particulière avec Khadija Mahécor Diouf », déclare Ahmadou Bamba. Mohamed cite d’autres contraintes. « Les politiciens veulent toujours être audessus. Du coup, ils nous demandent de se déplacer jusqu’à leur base pour échanger et de livrer immédiatement le produit », confie-t-il. Malgré ces contraintes, les élections riment toujours avec de bonnes affaires pour les infographes, designers et autres gens travaillant dans l’évènementiel. Oumar dit Boubacar Wane NDONGO (Correspondant)

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