Le jeudi 3 octobre dernier, Cheikh Issa Sall avait décidé d’aller se recueillir à Nimzatt, en République islamique de Mauritanie, auprès de son guide religieux Cheikhna Cheikh Sadbou Aidara. Seulement, il ne passera la frontière, faisant partie, à grande surprise, parmi les dignitaires de l’ancien régime interdits de sortie du pays. Ainsi, il a animé une conférence de presse ce lundi au siège de son nouveau parti politique, Unité, à Médine (Mbour). Face à la presse, il est revenu sur les circonstances de son voyage avorté : « Arrivé à la frontière, le temps des formalités administratives, je suis allé m’acquitter de la prière du Takussan. C’est encore assis sur ma natte de prière que le journaliste de I.Radio, Alassane Samba DIOP, m’a appelé pour vérifier l’information selon laquelle j’ai été bloqué à la frontière nord du Sénégal. Effectivement, devant mes interpellations, après moult hésitations, l’agent de service a fini par m’avouer qu’ils avaient reçu l’ordre de remonter au niveau central les filiations des personnalités politiques du régime sortant et d’attendre les instructions de l’autorité. C’est ce qui explique le temps qu’a pris le contrôle des pièces d’identités et des papiers du véhicule. Ainsi, devant le temps qui s’écoule, j’ai signifié à l’agent de Police que je ne pouvais pas rester à la frontière à attendre une hypothétique instruction qui devrait venir d’une autorité que je ne connais pas. C’est ainsi que je lui ai demandé de me rendre mes papiers. J’ai alors rebroussé chemin pour rentrer à Mbour en passant par NGoumba Guéoul ou repose deux fils de mon vénéré guide Cheikhna Sadbou à savoir Cheikh Mahfou et Cheikh Adramé Aidara. »
Après avoir passé ce mauvais quart d’heure, l’ancien magistrat estime que « la situation dans laquelle je me suis retrouvé à la frontière est loin d’être un incident isolé. » Pour cela, il soutient qu’elle mérite une mise au point et de tirer des conclusions. « Le fait qu’un journaliste soit informé avant moi-même, le principal concerné, nous pousse à nous interroger sur la qualité de la sécurité du circuit de l’information aux seins de nos instances de commandement et de gouvernance », dira-t-il, avant d’ajouter : « Sur un autre angle, le fait de priver d’honnêtes citoyens de la liberté de circulation est une atteinte grave aux droits les plus élémentaires. Quand ce droit est lié à l’exercice des convictions religieuses, la situation devient très préoccupante. »
Ainsi, l’ancien Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) condamne avec la dernière énergie ce qu’il appelle « les dérives autoritaires en cours, orchestrées par le nouveau régime. » Car, selon Cheikh Issa Sall, l’émission d’interdiction de quitter le territoire national est un acte de nature judiciaire encadré par la législation sénégalaise et conféré à des autorités judiciaires bien définies. « Certains actes relèvent d’une ignorance flagrante des règles de bases qui régissent le fonctionnement d’un État normal et mettent mal à l’aise les agents qui doivent exécuter ces ordres », regrette le maire de Mbour.
Investi tête liste nationale de la Coalition Unité (Union Nationale pour l’Intégration, le Travail et l’Équité), il dira que ce ne sera ni l’intimidation ni la pression psychologique qui va le détourner de son objectif. « Nous nous sommes séparés de notre statut de magistrat de la Cour des Comptes pour mieux servir notre peuple, en commençant par la ville de Mbour », rappelle-t-il.
Amadou DIA