Le déminage constitue l’autre grande bataille dans une région naturelle de Casamance qui reste toujours sous la menace des mines. Les récentes découvertes de mines antipersonnel, trois (3) par les communautés du fait de ruissellement des eaux pluviales à Katouré, Santhianba-Manjack et Oulampane, renseignent sur la menace qui pèse sur les populations et l’urgence du déminage humanitaire, pour encourager le retour des populations déplacées et mettre en valeur des terres si fertiles longtemps abandonnées. Les mines qui ont semé tristesse et désolation ont fait plus de huit cent (800) victimes.
Le déminage, l’autre grande bataille après le «retrait» des bandes armées de leurs bases, est toujours d’actualité. Les découvertes de mines antipersonnel se multiplient depuis quelques temps dans la région de Ziguinchor, en Casamance. De quoi installer la psychose. En un mois, ce sont trois (3) mines antipersonnel qui ont été découvertes dans divers endroits de la région. Des mines retrouvées du fait des eaux de ruissellement. La semaine dernière, une mine antipersonnel a été découverte à Katouré. C’est vraisemblablement une ancienne mine qui s’est déposée sur la route, du fait des eaux de ruissellement.
Ramasser ce type de mine est souvent fréquent chez les communautés, après le déminage. Quelques jours auparavant, c’est une mine de ce type qui a été découverte dans un village de la commune d’Oulampane, avant qu’une autre ne soit signalée à Santhiaba-Manjack, dans la zone où l’ASP Barthélemy Diatta mort avait été capturé par des éléments armés. Aujourd’hui l’urgence du déminage est plus que d’actualité. Apres la longue période de flottement dans le processus de déminage due au retrait de certains bailleurs, ce sont aujourd’hui trois opérateurs qui sont sur le terrain du déminage dans la région. Humanity Inclusion (HI), avec deux autres opérateurs, MAG et APIT, qui s’activent depuis sur le terrain du déminage humanitaire.
Rappeler que ce sont plus deux (2) millions de mètres carrés de terres qui restent à déminer dans la région qui a enregistré plus de huit cent (800) victimes des mines. «S’il faut que le dialogue fasse taire les armes, il faut également que les chemins, les champs et les abords soient débarrassés des mines meurtrières qui ont été posées par les acteurs du conflit», avait laissé entendre son Excellence Mme Irène Mingasson, alors Ambassadeur de l’Union européenne (UE), lors du lancement du Projet ARC, Action contre la mine, pour un retour sécurisé des populations, lancé il y a deux ans dans cette partie sud du pays.
Les stratégies de mobilisation financière avaient été lancées il y a quelques années, dans la région, pour soutenir le déminage humanitaire. Mais, l’étendue de terres infestées par les mines renseigne aujourd’hui sur cette tâche titanesque du déminage humanitaire dans cette région. Les mines qui ont semé désolation et chagrin continuent leur lancée macabre, avec des morts enregistrés. Aujourd’hui, le nombre de victimes par mine s’élève à plus de huit cents (800). Des victimes qui sont pour la plupart des femmes, des enfants qui sont les plus affectés. L’accident par mine survenu le 22 octobre 2021 à Kandiadiou, où des jeunes à bord d’une charrette avaient sauté sur une mine, faisant une dizaine de victimes, est révélateur du danger des mines dans la région.
«Aller vite et limiter les dégâts» ; c’est le pari que se fixe les opérateurs antimine qui restent confrontés à une série de contraintes qui ont pour nom : manque de moyens mais aussi difficile accès dans certaines zones minées. Maintenant que les boulevards sont grands ouverts, après le retrait des bandes armées chassées de leurs bases suite aux opérations de ratissage menée par l’Armée ces dernières années, la balle est désormais dans le camp de l’Etat à travers ses operateurs anti-mine qui doivent nettoyer une centaine de localités supposées infestées par ces engins explosifs. Un défi dont la réussite permettra d’encourager le retour définitif des populations déplacées mais aussi et surtout de mettre en valeur des terres si fertiles abandonnées pendant plus de trois décennies, à cause de ces mines qui ont semé angoisse tristesse et désolation.
Ignace NDEYE