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 La souveraineté monétaire met les États à l’abri des sanctions internationales, a rappelé l’économiste Ndongo Samba Sylla, mardi, à Dakar, en considérant les nombreuses monnaies circulant en Afrique comme un facteur mineur de la faiblesse du commerce intra-africain.

‘’La souveraineté monétaire est […] un frein, une limite aux sanctions internationales’’, a dit M. Sylla.

‘’Un euro tropical est-il possible et souhaitable en Afrique de l’Ouest ?’’ est le sujet du panel qu’il introduisait lors d’une conférence sur le thème : ‘’La souveraineté monétaire : conditions de faisabilité et de mise en œuvre de la monnaie unique dans l’espace CEDEAO’’.

Pour montrer à quel point la souveraineté monétaire met les États à l’abri des sanctions internationales, Ndongo Samba Sylla a évoqué celles dont ont été victimes certains pays d’Afrique de l’Ouest partageant une monnaie avec d’autres.

‘’Les réserves de change et les moyens de paiement internationaux de plusieurs pays ont été gelés par certaines puissances ou organisations. Cela est arrivé dans l’espace CEDEAO’’, a-t-il affirmé en rappelant les sanctions financières imposées au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest à la suite d’un coup d’État, il y a quelques années.

L’organisation régionale a gelé des avoirs du Mali, a fait remarquer M. Sylla en relevant qu’elle n’a pas pu faire de même envers la Guinée parce que ce pays a sa propre monnaie, sur laquelle la CEDEAO n’a aucune emprise. ‘’Ce n’était pas possible [de la sanctionner financièrement], parce que la Guinée a sa propre monnaie nationale’’, a affirmé l’économiste sénégalais.

‘’Il faut renforcer la coopération régionale’’

La Côte d’Ivoire a fait l’objet de sanctions financières lors de la crise politique de 2010, le Niger aussi après le coup d’État de juillet 2023, s’est souvenu Ndongo Samba Sylla.

‘’Si vous n’avez pas votre propre monnaie, si vous êtes dans une union monétaire, vous pouvez toujours être sanctionné. Vous n’avez pas d’indépendance financière’’, a-t-il expliqué en ajoutant qu’‘’il peut vous arriver, lorsque vous avez votre propre monnaie, de voir vos avoirs être gelés à l’étranger’’. ‘’Mais, s’empresse d’ajouter M. Sylla, personne ne peut dire à votre banque centrale de priver votre gouvernement de l’accès à ses propres comptes.’’

‘’Donc, c’est pour toutes ces raisons que la souveraineté monétaire est importante’’ pour les États, a-t-il poursuivi.

Une quarantaine de monnaies sont en circulation en Afrique, selon M. Sylla.

Cette multitude de monnaies n’est pas une entrave majeure au commerce entre les pays du continent, a-t-il signalé.

Ndongo Samba Sylla observe que ‘’les 40 monnaies et les monnaies étrangères qui circulent en Afrique sont perçues comme une barrière au commerce intra-africain’’.

‘’Mais pour moi, a soutenu M. Sylla, c’est un argument très faible parce que certains sont dans des unions monétaires sans pour autant parvenir à augmenter leur volume commercial.’’

‘’En Afrique, les entraves aux échanges ne sont pas de nature monétaire’’, a-t-il insisté, estimant qu’‘’il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu, concernant le commerce intra-africain’’.

Thierno Thioune, maître de conférences à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université Cheikh-Anta-Diop, préconise une diversification des économiques de la zone franc CFA. ‘’Il faut que les pays de la zone franc CFA aillent très rapidement vers la diversification des économies, lesquelles ne sont pas assez diversifiées’’, a-t-il dit en introduisant un panel sur ‘’les chocs monétaires’’ lors de la conférence.

‘’Il faut renforcer la coopération régionale…” a recommandé M. Thioune, relevant par ailleurs que ‘’beaucoup de secteurs [économiques] ne sont pas très bien exploités’’.

Il a signalé que ‘’la zone franc CFA est très sensible aux chocs monétaires’’.

CS/ESF/OID

APS

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