À la tête du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, la dame de Podor incarne désormais la résistance institutionnelle face au pouvoir de Diomaye. Avec seulement 16 députés sur 165, son groupe doit faire preuve d’habileté pour exister Aïssata Tall Sall s’est imposée comme la nouvelle figure de proue de l’opposition, présidant désormais le groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal qui compte 16 députés sur les 165 sièges de l’Assemblée nationale.
Pour sa première apparition dans ce rôle, elle a immédiatement marqué les esprits. Comme le rapporte Le Monde, le 2 décembre, lors de la session inaugurale de la nouvelle Assemblée, cette juriste de 66 ans a transformé une séance routinière en bras de fer avec la majorité, refusant de se plier aux exigences du président de l’Assemblée concernant la nomination d’une femme au poste de huitième vice-président. “Une opposition ferme mais constructive”, promet-elle, citée par le quotidien français.
Son parcours illustre une ascension politique remarquable. Ancienne protégée de l’ex-président Abdou Diouf, elle est décrite par Abdoulaye Wilane, cadre socialiste, comme “une femme politique douée, ambitieuse, coriace”. Première femme ministre des Affaires étrangères du Sénégal, elle a également occupé le poste de garde des Sceaux, tout en maintenant une carrière d’avocate respectée.
Mais ses détracteurs soulignent ses changements d’alliance opportuns, notamment son ralliement à Macky Sall en 2019, qui lui a valu deux postes ministériels prestigieux.
La polémique a atteint son paroxysme début 2024 lorsque, garde des Sceaux, elle a défendu la controversée loi d’amnistie. Cette position lui a valu de vives critiques, beaucoup l’accusant de trahir ses valeurs d’avocate et de militante. “J’assume”, répond-elle aux critiques, arguant que “une loi d’amnistie, c’est toujours clivant. Il s’agissait de ramener la paix sociale dans le pays.”
“C’est aussi à travers l’exercice de la profession d’avocate qu’elle s’est fait connaître”, souligne El Hadj Amadou Sall, ténor du barreau et ancien camarade de faculté, cité par Le Monde. Son engagement pour la défense de responsables politiques sous le régime d’Abdoulaye Wade a contribué à asseoir son prestige.
Originaire du Fouta, elle met en avant son parcours de femme ayant dû se battre contre le conservatisme de son milieu familial pour mener ses études de droit. Maire de Podor de 2009 à 2022, elle conserve une forte popularité, particulièrement auprès des femmes. “Elle a été une source d’inspiration pour de nombreuses jeunes Sénégalaises”, affirme Abdoulaye Wilane dans les colonnes du Monde.
Son choix comme cheffe de l’opposition résulte d’un calcul stratégique, comme l’explique un cadre de l’Alliance pour la République : “La mettre en avant ne permet pas d’initier de renouvellement générationnel. Mais au vu de notre situation compliquée, c’était le choix évident pour que l’opposition soit audible.”
Quant à ses ambitions présidentielles pour 2029, elle reste évasive mais ne ferme aucune porte. “J’ai appris à mener un combat après l’autre”, confie-t-elle au quotidien français, laissant entrevoir la possibilité d’une nouvelle étape dans une carrière politique déjà riche en rebondissements.
(SenePlus)