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Le président Bassirou Diomaye Faye était attendu en France pour la célébration de la 80ème édition de la Libération en 1944, sur invitation de son homologue français. Finalement, il a décidé de se faire représenter par une délégation à la tête de laquelle figure le général Biram Diop, ministre des Forces armées. Cette cérémonie importante a revêtu un cachet particulier pour le Sénégal au regard de ses relations avec la France ; relations tumultueuses si l’on se fie aux positions enflammées de certains et aux discours dégagistes d’autres. Mais en tout état de cause, les relations entre Paris et Dakar demeurent solides dans le fond au regard des intérêts stratégiques entre nos deux pays. Ce n’est pas pour rien que le Président Faye a consacré son premier déplacement hors d’Afrique en Paris avec un tête-à-tête avec le Président Macron. Il y est retourné quelques semaines plus tard dans le cadre de son agenda international.

En célébrant le Débarquement de Provence, la France a été inspirée de rendre hommage appuyé aux soldats africains qui ont permis sa libération. En effet, parmi les 450 000 hommes qui ont pris part au Débarquement en Provence, 250 000 étaient venus d’Afrique. Mieux, selon un chiffre relayé par le média francophone TV5, la majorité d’entre eux des Africains ayant libéré le Sud de la France foulait « la terre de la métropole pour la première fois ». L’ancien député de Guyane, Gaston Monnerville, en 1945 avait lancé « Sans son empire, la France ne serait qu’un pays libéré. Grâce à son empire, la France est un pays vainqueur ». Les tirailleurs sénégalais, nom commun dans lequel on met tous les jeunes tunisiens, sénégalais, soudanais, marocains, ont permis à la France de sortir du joug de l’occupation allemande et de sortir vainqueur avec les Alliés de la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire de la relation entre la France et le Sénégal est vieille et elle va infirmer les prévisions des Cassandre. Elle a été ponctuée par des moments de victoire comme celle sur l’hydre nazie mais elle a aussi ses pans tragiques. C’est avec amertume et révolte qu’une partie des Sénégalais rappellent le « Massacre de Thiaroye » en 1944, quand après leur engagement, les tirailleurs, qui réclamaient leur dû, ont été tués. Le bilan est sujet encore à de nombreuses polémiques, en attente de l’accès des autorités sénégalaises aux archives de la colonisation. Cette année d’ailleurs, le Sénégal va commémorer le 80ème anniversaire de ce massacre. Il serait opportun qu’une fois que la victoire historique établie de panser les plaies et de saluer les efforts entrepris depuis pour faire de l’axe Dakar-Paris un axe dynamique et fertile en succès politiques, économiques et diplomatiques.

« La paix est l’œuvre de la Justice » disait un grand penseur français. Et la justice est rendue quand les responsabilités historiques sont établies afin d’avancer vers les défis contemporains, nombreux et urgents, comme le climat, la coopération sécuritaire, le partenariat économique, etc.

Le geste des autorités françaises de mettre le Sénégal au cœur de ce 80ème anniversaire du Débarquement est un pas en avant dans l’achèvement de la réconciliation et en vue de redonner un nouveau souffle à l’axe Dakar – Paris conformément au communiqué conjoint Macron-Faye signé en juin dernier. Il montre aussi qu’au-delà des États, des hommes et des femmes nourrissent la relation et la rendent dynamique et pérenne. Car ce 15 août, dans la région Provence, sur un bâtiment de la marine, la délégation sénégalaise a été honorée pour rendre justice à l’histoire des Tirailleurs sénégalais et rappeler leur contribution immense à la libération du peuple français. Cette délégation était composée des anciens tirailleurs sénégalais Yoro Diao, Ousmane Badji, Ousmane Sagna et Ndongo Dieng pour rappeler que l’histoire surplombe toujours nos actions présentes. Étaient aussi présents des étudiants et des professeurs du lycée de Thiaroye pour mettre au cœur de ces festivités l’urgence de transmettre aux générations futures le sens du devoir, du sacrifice et du courage d’hommes qui se sont battus pour libérer la France du nazisme. Parmi les invités aussi, des descendants de tirailleurs et des membres de l’association « Fondation pour la mémoire de l’esclavage ». Ces hommes, ces femmes et ses enfants étaient sous l’ombre tutélaire d’un héros du Sénégal, Oumar Diémé, ancien tirailleur ayant également été porteur de la flamme le 25 juillet dernier pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

En mettant les Tirailleurs sénégalais au cœur des célébrations, autorités sénégalaises et françaises ont voulu rappeler aux citoyens des deux pays la mémoire d’Alioune Fall, fils de Thiès, mort en 2019. Il était le dernier survivant sénégalais recensé du débarquement de Provence avant son décès.

Les Africains ont joué un rôle de premier plan dans la libération de la France et de l’Europe de la barbarie nazie. La leçon que nous pouvons tirer de leur sacrifice est de promouvoir la paix, la tolérance, le dialogue entre les rives de la Méditerranée pour que la tragédie de la Guerre mondiale ne se répète jamais.

BABACAR MBAYE

editor

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