Le président du Conseil constitutionnel du Sénégal, Mamadou Badio Camara, a pris part à l’édition 2024 de la Nuit du Droit, organisée par le Conseil constitutionnel français le 3 octobre dernier, sur le thème « la démocratie et le droit », à l’invitation de Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel de France.
Lors de cet événement, Mamadou Badio Camara a abordé la polémique entourant la question du troisième mandat de Macky Sall et ses répercussions au Sénégal.
Interrogé par un journaliste français, il a rappelé : « qu’il y a eu d’abord l’épisode très agité du troisième mandat, sachant que la Constitution du Sénégal dans sa version de juillet 2016, initié par l’ancien président de la République avait précisé la durée des mandats du président de la République, la durée 5 ans et avait surtout ajouté une phrase qui disait, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. La disposition paraît très claire. Il y a eu un premier mandat en 2012, un deuxième ou un second mandat en 2019. A priori, c’était terminé, sauf que ses partisans avaient agité l’idée d’un troisième mandat, comme c’est souvent le cas, que c’est un homme qui nous est indispensable. Il faut qu’il reste… ».
« Il y a eu beaucoup de pression, les politiques peuvent être féroces »
Pour M. Camara, « l’intéressé (Macky Sall) lui-même a réglé le problème lorsque quelques mois avant le scrutin, il a déclaré solennellement dans une annonce à la nation sénégalaise qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle de 2024 et que donc, qu’il ne sollicitera pas un troisième mandat ».
Relancé sur son rôle en tant que président du Conseil constitutionnel dans cette affaire, Mamadou Badio Camara a expliqué : « Il y a eu une demande d’avis sur l’éventualité d’un troisième mandat. L’avis a été donné très rapidement, très vite, sur l’impossibilité de briguer un troisième mandat compte tenu de la disposition constitutionnelle qui règle le problème et vu le fait que le président venait d’exercer deux mandats consécutifs. Cela a peut-être influencé la décision de renoncer à cette tentative de troisième mandat », a-t-il assuré.
Le président du Conseil constitutionnel a également confié avoir subi de fortes pressions en raison des enjeux de l’élection présidentielle.
« Il y a eu beaucoup de tensions, il y a eu beaucoup de pressions. C’est peut-être un peu normal puisque c’est une élection présidentielle. Les enjeux sont très importants et les politiques peuvent être féroces, avec tout ce qui peut contredire ou contrecarrer leur projet », a révélé Mamadou Badio Camara.
Moussa Ndongo