LE BILLET DE BAABA
Cette maxime du Président Mao Zedong, dirigeant de la Révolution chinoise qui a marqué les gens de ma génération et inspiré nos luttes estudiantines et sociales, est toujours d’actualité ! Pastef-les Patriotes en a administré la preuve, sous nos yeux, ces dix dernières années. Il est temps de le reconnaitre, avec l’humilité qui sied. Le leadership incontestable de son dirigeant, Ousmane SONKO, et la détermination combative de tous les militants et sympathisants de Pastef ont bouleversé le statu quo ante et tourné une page de l’Histoire politique de notre pays d’après l’indépendance. Il convient d’en tirer toutes les leçons. Notamment pour ceux qui, parmi nous, ont encore de l’énergie et l’envie de contribuer à parachever la Révolution sénégalaise ! Oui, et je pèse bien mes mots : ce qui s’est passé, ces dernières années, est une Révolution, portée par la jeunesse de notre pays, après une résistance farouche contre les dérives d’un régime agonisant et outrancier. Le temps de modéliser, par les sciences sociales notamment, les outils d’analyse de ce qui s’est passé jusqu’à la conquête d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale va venir…
Comprendre les faits et les enchainements qui ont produit la dynamique victorieuse est, en effet, une nécessité scientifique. Les enseignements qui en seront tirés constitueront un viatique précieux pour la suite. Car ce n’est que le début ! La transformation systémique attendue est en cours de téléchargement, comme on le dit maintenant, et il convient de la conduire et de la parachever ! Pour cela, il va falloir sortir des schémas fossilisés et réducteurs, mais surtout des carcans de la pensée unique qui regarde le monde à la lucarne du déjà vu !
Or, le monde est en perpétuel mouvement. Peuplé de vivants, il prend les contours des volontés fortement et clairement exprimées. Il donne corps aux ardents désirs, nourris par la majorité, et les traduit en réalités palpables… C’est cela qui s’est produit, au sortir des urnes, consacrant une victoire sans appel des forces progressistes. Une victoire qui va modifier le cours d’une histoire que l’on croyait fatalement écrite. Et, c’est en cela qu’une ambition collective est plus forte que les démarches solitaires les plus inspirées. Combien d’intellectuels produisent, à longueur d’années, des idées séduisantes de toutes sortes, et qui ne finiront nulle part pour cause de déconnexion avec le réel ? Combien de ces idées ne resteront que des idéaux, sans lendemains, parce que prisonnières d’un esprit, certes fécond, mais inopérant ? C’est pour cela qu’il faut s’attacher à rassembler, ici et maintenant, le maximum d’énergies positives autour d’une mystique du changement en profondeur de notre pays, pour les générations à venir et déjà dans la marche vers l’horizon 2050 !
Conjuguer au présent une vision du Futur !
Jub Jubbal Jubbanti. Ces mots-clés de la transformation systémique en téléchargement, devraient passer en principes fondateurs du changement de comportement pour chaque citoyen de notre pays. C’est un appel, une exigence jaillie du tréfonds de notre peuple qui exige de renouer avec les valeurs éthiques, morales et spirituelles qui sont le socle fondateur de notre identité.
Oui, les sénégalais réfutent l’idée reçue selon laquelle rien ne saurait changer… Que tout serait au-dessus de nos forces… Que nous serions, irrémédiablement, indécrottables. Au nom de quelle fatalité insurmontable ? Personne ne saurait le dire. Eh bien ! La jeunesse sénégalaise a dit NON en arrachant le pouvoir. Rien ne devrait plus être comme avant. Saisissons la balle au rebond pour donner corps aux rêves de nos enfants et petits-enfants. Soyons généreux avec le Futur de notre nation !
Le temps du pragmatisme éclairé
Le Parti désormais leader au plan politique dans le landerneau politique de notre pays s’appelle PASTEF. En langue nationale wolof ce mot se traduit, à la fois par engagement et détermination, mais avec un zeste de passion et de cœur à l’ouvrage. Cette résonnance, dans l’une de nos langues nationales si riches, va jusqu’à occulter le sens décomposé, en français, du sigle du Parti Africain du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF). Chaque mot de ce sigle est porteur d’un sens et d’une orientation qui peuvent servir de base à un large consensus pour consolider la Révolution en cours, lui donner corps et vie. Je ne parle pas ici de l’éventualité d’une adhésion en masse à un parti. Je suggère de regarder dans la même direction : l’unité africaine, le travail et l’éthique, la fraternité. Pour les 5 prochaines années, afin de donner à notre pays une chance décisive de se consacrer à restaurer les fondements d’un développement durable et autocentré, une approche concertée des priorités nationales devrait aboutir à une sorte de consensus, un pacte intergénérationnel de progrès et de mieux-être pour tous. Consensus ne rime pas avec unanimité, encore moins avec unanimisme ! Mais, s’accorder sur les voies et les moyens de multiplier les emplois par une augmentation de notre richesse collective ne devrait pas être au-dessus de nos forces ! Mieux répartir les richesses de la Nation, produire le maximum de ce que nous consommons, maitriser nos cadres de vie, les entretenir et les protéger, éduquer et instruire la majorité des habitants de notre pays, par des voies et moyens à inventer, tout cela devrait occuper nos énergies et ne plus laisser du temps pour… wax sa xalaat …
Chemin faisant, les réformes institutionnelles, pour assainir le champ politique, pourraient faire l’objet de discussions approfondies et sérieuses. La rationalisation du nombre de partis politiques, le polissage du débat public, la maitrise des nouveaux outils de communication produits par l’intelligence artificielle qui mérite si bien son nom, au regard des dégâts considérables que causent sa manipulation par des mains inexpertes ou malveillantes. La formation des militants des partis politiques et des organisations de la société civile, et tant d’autres priorités normatives pour canaliser les énergies de nos compatriotes dans le sens de la co-construction sont des chantiers ouverts. Rien de grand et de durable, à l’échelle d’une Nation, ne peut se construire dans le désordre. Une revue des pays les plus stables du Monde administre la preuve que ce sont les pays organisés et disciplinés qui offrent le plus d’opportunités d’éclosion des talents. La mise en ordre de la violence, physique ou verbale, par l’éducation mais aussi par la contrainte, au besoin, est une impérieuse nécessité. Pour garantir les équilibres, sans lesquels la vie en société devient périlleuse voire impossible. Il appartient à l’Etat d’assurer les missions régaliennes de protection de l’intérêt général en toutes circonstances.
« O pays ! Mon beau peuple ! »
J’emprunte, encore une fois, ce titre d’un roman de Ousmane Sembene, pour lui rendre hommage, à la veille de la célébration du massacre de Thiaroye 44. Parce que Sembene a consacré des efforts colossaux à conscientiser les élites africaines sur l’un de ces malentendus tragiques qui polluent les relations de dignité qui doivent s’instaurer entre les peuples, par-delà les vicissitudes de l’Histoire. A une époque où la loi du silence recouvrait d’un voile, de pudeur ou de condescendance, certaines séquences de notre histoire avec la France, son film THIAROYE 44, restera un des jalons décisifs dans la rectification du narratif partiel et partial de l’histoire des tirailleurs africains. Outre les mesquineries sur les traitements salariaux et les pensions cristallisées des Anciens combattants ayant survécu aux affres de la guerre, le temps de revisiter notre Histoire et d’en expurger les mensonges et les méprises est venu.
Sans haine ni colère, il convient d’établir et de rétablir les faits de cette journée du 1er décembre 1944. Il est heureux que les nouvelles autorités de la République se soient engagées, comme jamais depuis l’accession de notre pays à la magistrature suprême, à mettre en place les moyens d’accéder aux archives coloniales françaises. Pour recueillir notre part légitime de mémoire, des experts ont été commis pour mener des recherches scientifiques et dresser rapport aux autorités.
Cela pose, au demeurant, la question de l’urgence de réaliser le projet des Archives Nationales du Sénégal toujours annoncé, depuis des dizaines d’années, et jamais réalisé ! Il est temps de construire cet édifice pour abriter, dans la dignité et les conditions matérielles idoines, les pans éparpillés de notre mémoire, bien des fois menacés de disparition.
Hommage au Peuple sénégalais et à ses nouveaux dirigeants qui, en rouvrant cette page d’Histoire, s’apprêtent à écrire celle d’une Souveraineté retrouvée ! Hommage à la jeunesse de ce peuple, résistant et résilient, qui a fait un pari sur l’Avenir et décidé de mouler, une par une, les briques de la construction de son Futur, au présent.
Je le répète avec le poète : « Il n’y a pas de destins forclos, il n’y a que des responsabilités désertées. »
Waato Siita, il est temps !
Baaba