Il est 15 h passées de quelques minutes. A la place Omvs, communément appelée rond-point école normale, un groupe de personnes envahissent les trottoirs de la route. Ils portent tous T-shirt, autres vêtements voire des accessoires à l’effigie des couleurs du Pastef. Ce rassemblement est marqué par la présence des femmes du bois sacré. Habillées en noir avec des perles multicolores, elles viennent de partout, principalement de la Casamance. Une venue empreinte de rituel sacré pour soutenir leur fils et leader, Ousmane Sonko. À en croire certaines personnes sur place, cette mobilisation rentre dans le cadre d’un accueil réservé à la caravane de leur tête de liste nationale qui doit se rendre, ce mercredi après-midi, dans la commune de Sacré-Cœur-Mermoz.
Thierno Aly Sy, coordonnateur Pastef de cette partie de Dakar, tient à préciser : « cette mobilisation est pacifique. Elle a pour but d’accueillir la venue d’Ousmane Sonko, tête de liste nationale du Pastef. La caravane compte faire une procession dans le quartier de Baobab ». Interpellé sur les violences subies le Pastef durant la campagne électorale des législatives anticipées du 17 novembre 2024, le coordonnateur Aly Sy soutient que « le ministre de l’Intérieur et son homologue de la Justice doivent faire leur travail pour juguler cette situation de non-droit qui entrave l’intégrité des personnes. Depuis le début de la campagne, le Pastef subit des violences, et ce n’est pas normal ».
Dans cette situation délétère, certains partisans ont sonné le glas de la passivité. Sur appel de leur leader, ils vont riposter proportionnellement aux attaques portées contre eux. « Depuis le début de la campagne, nous menons des activités dépourvues de toute violence malgré les agressions subies dans les différentes localités du pays. Cette fois-ci, nous allons faire face à toute tentative d’agression. Ce sera comme à la guerre », martèle Marietou Seye, responsable des femmes de Liberté 6 extension de Pastef.
État de droit
Trois quarts d’heures plus tard, la foule s’agrandit à vue d’œil à la place Omvs. Portant des gilets fluorescents floqués Pastef/Ucad, ces militants, le temps d’un instant, ont entravé la libre circulation des véhicules et autres. Ils scandent le nom d’Ousmane Sonko, leur leader et tête de liste nationale à ces élections législatives. Tout ce monde, dans une effervescence indescriptible, se rue vers le quartier de Baobab dans un vacarme coordonné. Dans les artères du quartier, tous les commerces ont baissé rideau. L’odeur des gaz lacrymogènes a refroidi les ardeurs d’une foule prête à en découdre avec Barthélémy Dias. Personne ne peut s’approcher de sa demeure sur une distance de pas moins de plusieurs centaines de mètres. La Police a quadrillé la zone. Le jardin de Sicap Amitié 3 reste le lieu de repli des militants en larmes et en sueurs causées par l’inconfort des effluves toxiques dont l’objectif est de maintenir l’ordre. Tout le monde rebrousse chemin et revient à la place OMVS pour attendre la venue d’Ousmane Sonko.
Sur place, les autres responsables politiques, sur l’estrade de fortune, ont tenu le même discours, celui de ne pas verser dans la violence.
Dans cette ambiance apaisée, la foule est devenue soudain festive en accueillant Ousmane Sonko. Le leader du Pastef a lancé un appel solennel à tous ses militants et sympathisants à s’abstenir de tout acte de violence. Il a cependant dénoncé l’impunité qui ne saurait prospérer dans un État de droit. « L’Etat doit mettre un terme à cette anarchie. Et depuis hier (lundi, ndlr), plusieurs personnes supposées responsables des agressions (contre des militants du Pastef) à Thiès et à Saint-Louis ont été arrêtées par nos forces de défense et de sécurité. J’exhorte tous à ne pas verser dans un esprit de vengeance. Ce sera le dernier avertissement. Allons voter et gagner ces élections au soir du 17 novembre », lance, comme un slogan, Ousmane Sonko sous les vivats de la foule. Il donne rendez-vous demain au Stade Amadou Barry de Guédiawaye, pour le prochain rassemblement. Adama Diémé, stagiaire
