Malgré l’espoir suscité par l’alternance, le respect des engagements en faveur d’une refondation institutionnelle reste à confirmer. L’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut en poser les jalons . Fais-moi des textes de quatre phrases minimum chacun, d’accroche directe en guise de chapeau de présentation de l’article suivant :
Le 30 juillet 2024, une Coalition de la Société Civile a tenu une conférence de presse, pour interpeller l’Exécutif sur le respect des engagements pris lors de la signature du pacte national de bonne gouvernance, dans le cadre de la problématique des conclusions nationales et des recommandations de la C.N.R.I.
Les enjeux de parachèvement de nos souverainetés politique, économique et monétaire ainsi que ceux liés à la refondation institutionnelle, agitent le landerneau politique, depuis plusieurs décennies et figuraient, en bonne place, dans le programme de la CA2000, ayant été paraphé par le candidat Abdoulaye Wade et les partis du pôle de gauche, à la veille de la première alternance.
Si le président Wade a eu le mérite historique d’organiser le référendum du 7 janvier 2001, après un large débat national, dans un délai de 8-9 mois, avec, à la clé, une nouvelle Constitution, il faut déplorer que les modifications de la charte fondamentale de notre pays n’aient, en rien, remis en cause ni la dépendance néocoloniale, ni le pouvoir présidentiel monarchique hérité du régime socialiste.
Quant à Macky Sall, un chef expéditif devant l’éternel, maître dans l’art du reniement, du louvoiement et des tergiversations, il empruntera des voies de contournement tortueuses, pour maintenir le statu quo institutionnel, contrairement aux engagements pris devant le peuple des Assises. C’est ainsi qu’après sa victoire survenue le 25 mars 2012, il faudra au président plusieurs mois pour annoncer, lors de la journée des Institutions célébrée le 14 septembre 2012, la mise en place d’une commission nationale de réforme des institutions (CNRI), chargée de prendre en charge 11 problématiques (cf. lettre du 5 novembre 2012 traitant de la commande du chef de l’Etat à la CNRI) inspirées essentiellement des conclusions des Assises nationales et du programme du Yoonu Yokkute.
Le président de cette CNRI, (qui s’avèrera n’être qu’un leurre pour gagner du temps), remettra son rapport au président de la République, le 13 février 2014, presque deux ans, jour pour jour, après l’élection de Macky Sall à la tête de notre pays. On assista alors à une levée de boucliers de la part des militants de l’APR, qui rejetaient les points-clé du rapport, raillant au passage ce qu’ils estimaient être des prétentions infondées d’intellectuels, sans aucune assise électorale, de limiter les prérogatives de leur leader plébiscité par un score flatteur, lors de son accession au pouvoir.
Pas étonnant, dès lors, que le président Sall ait attendu quatre longues années pour soumettre, lors de la consultation référendaire du 20 mars 2016, son projet de réforme constitutionnelle, caractérisé principalement, par le fait qu’il passe sous silence les problématiques liées à l’équilibre et à la séparation des pouvoirs.
On connaît la suite. Le refus de résoudre les dysfonctionnements institutionnels identifiés, depuis plusieurs décennies, allait exacerber les contradictions et conduire le régime de Benno Bokk Yakaar à commettre des forfaitures politiques en série, avec l’objectif inavoué de détruire les fondamentaux démocratiques de notre Nation. On peut citer pêle-mêle, le sabotage du processus de décentralisation par l’acte 3, la déstructuration de notre système électoral (loi sur le parrainage), la mise en coupe réglée du Parlement avec des abus itératifs de majorité, la routinisation des violences verbales et physiques et les intrusions intempestives des FDS au sein du Parlement. Mais ce que les historiens retiendront de l’ère de Benno Bokk Yakaar, ce sera l’instrumentalisation de la Justice doublée d’une criminalisation systématique des activités politiques les plus banales, qualifiées de terroristes et d’atteintes aux droits humains élémentaires, donnant lieu à des arrestations de masse.
Les acteurs politiques d’un certain âge avaient la très nette impression d’un retour de quarante années en arrière, à l’époque de la glaciation senghorienne, dans un contexte de parti unique.
C’est tout le mérite de l’opposition sénégalaise, particulièrement du parti Pastef, d’avoir opposé une résistance farouche à ces velléités dictatoriales, confirmées par le putsch constitutionnel du 3 février 2024, que les masses populaires sénégalaises ont fermement rejeté, permettant ainsi au conseil constitutionnel d’invalider les décret et loi illégaux, censés reporter la date de l’élection présidentielle.
Pour avoir davantage mis l’accent sur des préoccupations électoralistes avec des candidatures fantaisistes, au lieu de privilégier les contenus programmatiques et une démarche unitaire, l’opposition a favorisé un vote utile massif en faveur du Pastef, qui avait porté tout le poids de la lutte et dont le candidat a été élu dès le premier tour, avec 54, 28% des voix.
Rappelons, que lors de l’élection présidentielle de 2012, le cas de figure était différent et que le président Macky Sall devait affronter Abdoulaye Wade, au deuxième tour, en partant du maigre score de 26,58% !
A l’époque, M. Mamadou Ndoye, figure de proue du Sursaut Citoyen, avait publié une tribune intitulée « Urgences et responsabilités historiques de la gauche sénégalaise », dans laquelle, il plaidait, pour que la gauche sénégalaise puisse peser de tout son poids pour obtenir, avant le deuxième tour, un accord politique clair et précis avec le candidat Macky Sall. Il n’avait malheureusement pas été entendu et on connait la suite, à savoir le règne calamiteux de Macky Sall et de sa Coalition unanimiste et grégaire.
Cette fois-ci, la situation semble être plus favorable, comme le prouvent le parcours du Pastef, depuis sa naissance et la signature du pacte national de bonne gouvernance, qui est dans le sillage des Assises nationales et de la Commission nationale de réforme des institutions.
Néanmoins, certains signes ne cessent d’inquiéter.
Il y a d’abord cette propension à user, de manière pragmatique, des manières de faire et même des lois léguées par le pouvoir apériste alors qu’elles sont théoriquement appelées à disparaître. Nous citerons les interdictions quasi-systématiques des manifestations des travailleurs, les condamnations unilatérales des initiatives de résistance populaires comme Ubbi Deuk, les déguerpissements des marchands ambulants sans mesures d’accompagnement et des lois portant sur le délit d’offense au chef de l’Etat et sur la diffamation…etc.
Certes, des aspects positifs comme les initiatives dans le domaine du foncier, incluant le domaine privé maritime sont à saluer.
En réalité, nous ne remettons pas en cause la bonne foi du duo Diomaye-Sonko, mais l’expérience prouve que c’est maintenant, en début de mandat, qu’il faut poser les jalons d’une nouvelle gouvernance, en adoptant une approche inclusive, c’est-à-dire en y associant toutes les bonnes volontés. Le camp patriotique, qui rejette, à juste titre la transhumance, doit néanmoins édifier un large front pour la défense des valeurs, qu’il se targue d’incarner. Il ne faudrait pas commettre la même erreur que le Grand Maodo (qui a d’ailleurs fait son autocritique), en se coupant des forces acquises au renouveau démocratique de notre Nation.
Une nouvelle charte fondamentale, qui devra être adoptée par référendum est une nécessité incontournable, qui symbolisera la naissance d’une nouvelle République au service des intérêts populaires.