Après la victoire de Pastef aux élections législatives du 17 novembre, le débat sur le profil du futur président de l’Assemblée nationale est posé. Si certains préconisent Ousmane Sonko qui a brillamment conduit la liste du parti présidentiel, d’autres veulent qu’il reste à la primature.
Même si on attend la confirmation officielle par la Commission nationale de recensement des votes, la victoire de Pastef aux élections législatives de dimanche dernier est incontestable. Hormis quelques départements (Matam, Kanel, Ranérou, Podor, Goudiry et Afrique du centre), toutes les autres circonscriptions sont tombées dans son escarcelle. Une grande victoire dont le principal artisan est Ousmane Sonko, la tête de liste nationale. Le Premier ministre a mené une belle campagne et s’est rendu dans presque tous les 46 départements du pays. Pastef dispose aujourd’hui d’une majorité confortable pour gouverner.
Avec cette éclatante victoire, des observateurs de la scène politique sénégalaise spéculent sur le profil du futur président de l’Assemblée nationale. Pour certains, Ousmane Sonko doit prendre les commandes de l’Assemblée nationale pour redonner le blason de cette institution dont l’image est écornée depuis des années. Membre de la société civile et président d’Africa Jom Center, Alioune Tine a été le premier à agiter l’idée. « Ousmane Sonko doit occuper la présidence du parlement. Il ferait de ce pouvoir ce qu’il n’a jamais été dans l’histoire politique. Il densifie et donne sens à toutes les fonctions qu’il occupe », a déclaré M. Tine.
Si Ousmane Sonko opte pour la présidence de l’Assemblée nationale, des observateurs craignent un risque de « dualité » au sommet de l’État même si les concernés (le chef de l’État et le Premier ministre) ont toujours balayé d’un revers de la main un tel scénario. Ousmane Sonko à la présidence de l’Assemblée nationale ferait que chacun des deux hommes forts du pays serait à la tête d’un pouvoir. Cependant, d’autres observateurs ne sont pas de cet avis. Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), estime qu’Ousmane Sonko doit rester à la tête du gouvernement.
« Il est incontournable dans l’attelage gouvernemental et constitue le pilier de l’action politique », confie-t-il. Cette position est la mieux partagée au parti Pastef où responsables etmilitants estiment qu’Ousmane Sonko doit poursuivre sa mission dans l’exécutif pour mieux asseoir le régime. Pour ces derniers, Ousmane Sonko, Premier ministre, est « une sorte de bouclier » pour le président de la République. À leurs yeux, ceux qui veulent que l’actuel Premier ministre aille à l’Assemblée nationale pensent pouvoir fragiliser le régime en écartant « son pilier » de la gestion des affaires publiques. Le dernier mot reviendra à Ousmane Sonko qui, jusqu’ici, a pris des décisions réfléchies.
Oumar KANDÉ