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L’audit des coûts pétroliers du champ gazier Greater Tortue/Ahmeyim (GTA), mené sur la période 2012-2020, dévoile un enchevêtrement de magouilles et d’incohérences. Des facturations douteuses, des frais injustifiés et des pratiques comptables non conformes entachent la gestion des milliards de dollars engagés. Entre surévaluations, pièces justificatives insuffisantes et tensions croissantes entre l’État sénégalais et les opérateurs, le rapport révèle une opacité préoccupante sur l’exploitation de Greater Tortue/Ahmeyim (GTA).

Le champ gazier de Greater Tortue/Ahmeyim (GTA), découvert en avril 2015, est une infrastructure stratégique partagée entre le Sénégal et la Mauritanie. Un rapport d’audit récemment obtenu par Libération révèle des zones d’ombre sur la gestion des coûts pétroliers déclarés par les opérateurs, notamment BP, Kosmos Energy et Timis Corporation.

Selon le rapport, les coûts pétroliers déclarés par BP pour l’unité GTA s’élèvent à 4,1 milliards de dollars (plus de 2 490 652 272 000 Franc CFA) pour la période 2012-2020, avec une quote-part sénégalaise de 2,06 milliards de dollars (1 282 685 920 080 Franc CFA). Toutefois, les auditeurs relèvent plusieurs anomalies. Timis Corporation aurait déclaré 1,8 million de dollars (1 120 793 522,40 Franc CFA) entre 2012 et 2013 sans tenue comptable ni justification. Ces coûts, initialement écartés par Kosmos, ont été réintégrés par BP « sans justification probante ».

De même, les dépenses déclarées par Kosmos pour 2014-2016, totalisant 171 987 dollars (107 089 953,08 Franc CFA), sont pointées du doigt. Les auditeurs, malgré plusieurs relances, n’ont reçu que des factures dépourvues de contrats ou preuves tangibles de livraison. En conséquence, ces coûts ne peuvent être jugés recouvrables, indique le journal.

Un autre point critique concerne la comptabilisation des opérations en devises. Contrairement aux dispositions contractuelles qui imposent des taux de change fixés d’un commun accord, les opérateurs auraient utilisé des taux journaliers de l’International Currency Exchange Ltd. Cette pratique a engendré un surplus de coût de 194 346 dollars (121 012 076,61 Franc CFA), à déduire des coûts pétroliers du projet.

Surévaluation des frais généraux et facturations suspectes

Les auditeurs dénoncent également une surévaluation des frais de siège à hauteur de 301 millions de dollars. De plus, des écarts de 30,8 millions de dollars (19 178 022 494,40 Franc CFA) ont été relevés sur des contrats de services et de travaux civils marins passés avec Saipem ( Ndlr : compagnie italienne spécialisée dans la recherche et les Forages pétroliers ). Certaines pièces justificatives fournies pour des montants totalisant 69 731 dollars (43 418 918,39 Franc CFA) ont été jugées incomplètes ou insuffisantes.

Pour rappel, initialement exploitées par Timis corporation, les participations relatives au Contrat de recherche et de partage de production d’hydrocarbures (Crpp) ont enregistré des cessions respectives à Kosmos et Bp. La répartition, au moment de l’audit, était la suivante : Bp 60%, Kosmos 30% et Petrosen 10%. Les travaux de construction des installations ont commencé au mois de mars 2019.

GTA comprend des infrastructures sous-marines et des canalisations dont douze puits de développement gazoduc, manifod; un système de production sous-marin de gaz diamètre (Sps); un Fpso pour le traitement du gaz naturel ; un raccordement du système sous-marin de 80 km du Fpso au réseau de pipelines d’exportation de 35 km entre le Fpso et le terminal gazier ; une unité flottante de Gaz naturel liquéfié ( Gnl) d’une capacité d’environ 2,5 millions de Gnl par an et un stockage intégré de Gnl de 125.000 m3 et enfin un hub terminal incluant un brise-lame de 120 m de longueur. 

Ndeye Fatou Touré

editor

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