La décision du Bureau de l’Assemblée nationale de déclarer irrecevable la proposition de loi visant l’abrogation de l’amnistie de 2024 n’est pas du goût de Thierno Alassane Sall. Dans un communiqué incendiaire, le parlementaire, leader du parti République des Valeurs/Réewum Ngor, dénonce une « magouille » orchestrée par le régime de PASTEF. Selon lui, l’irrecevabilité invoquée par l’Assemblée repose sur un argument « absurde et fallacieux » : l’impact budgétaire. « PASTEF s’agrippe au coût financier pour refuser que justice soit rendue et que toute la lumière soit faite », fustige-t-il.
L’opposant accuse également le Bureau de l’Assemblée nationale d’avoir violé la procédure législative en s’appuyant sur l’article 82, alinéa 2 de la Constitution, qui stipule que « les propositions et amendements formulés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit la diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices ». Thierno Alassane Sall affirme toutefois que son texte n’entraîne aucune conséquence financière significative, rappelant que le Sénégal dispose déjà d’un budget consacré au fonctionnement de la justice.
Pour le député, cette décision s’apparente à un « banditisme d’État » visant à empêcher l’examen judiciaire des crimes commis lors des crises politiques récentes. Il établit un parallèle avec une éventuelle abrogation de la peine de mort qui, selon la même logique, pourrait être rejetée au motif qu’elle engendrerait des coûts d’incarcération supplémentaires. « C’est l’usage le plus absurde du principe d’irrecevabilité financière jamais vu », martèle-t-il.
L’opposition voit dans ce rejet une manœuvre visant à éviter toute remise en question de la loi d’amnistie, adoptée dans un contexte de crise politique majeure. « PASTEF est tellement prévisible que nous savions qu’il s’accrocherait aux motifs d’irrecevabilité », déclare le député, précisant que sa proposition de loi était accompagnée d’une note détaillée sur l’absence d’impact budgétaire, validée par le Secrétariat de l’Assemblée nationale.
Face à ce bras de fer politique, Thierno Alassane Sall annonce une conférence de presse ce jeudi pour, dit-il, faire « de nouvelles révélations » sur les dessous de cette décision.
Fana CiSSE