La tête de liste de la coalition « Sénégal Kesse » pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 était à Guédiawaye mardi. Il a dénoncé les manquements du régime actuel et annoncé des changements s’il obtient la majorité à l’Assemblée nationale.
Thierno Alassane Sall dit TAS a rendu visite à ses militants et sympathisants de Guédiawaye. Après un long périple à l’intérieur du pays, le leader de la République des valeurs a sillonné la ville mardi 12 novembre. À la tête de la liste nationale de la coalition « Sénégal Kesse », après avoir drainé une foule à Keur Massar, il a effectué un long trajet à Guédiawaye, entre Malibu, Hamo Tefess, avec pour destination finale, Gounass, un quartier près du lycée Seydina Limamoulaye. Une fois sur place, Thierno Alassane Sall a reçu les vivats de ses sympathisants.
La foule, déjà chauffée à blanc au rythme du batteur dénommé Ass, a donné de la voix à l’arrivée du leader peu après 20 heures. Avec à ses côtés Oumou Ba et Mamadou Baba Tall, les deux candidats titulaires dans le département de Guédiawaye, Thierno Alassane Sall a mis l’accent sur ce qui manque à notre pays pour décoller. « Depuis 1960, le Sénégal a connu quelques réussites, mais c’est trop peu par rapport à son potentiel. Si les pays occidentaux sont en avance sur nous, c’est parce qu’ils ont des institutions fortes, où le Président et même le roi ne peuvent faire ce que bon leur semble. L’exemple du roi d’Espagne, Juan Carlos, est là pour le démontrer. Malheureusement, en Afrique, voire au Sénégal, on voit des gens prendre des milliards du contribuable sans aucune poursuite pénale. Deux choses devraient pourtant veiller à arrêter cela : l’Assemblée nationale et la justice. Des Présidents ou des Premiers ministres en Occident ont été réprimandés par la justice », déclare-t-il.
Thierno Alassane Sall a ajouté que certains chantiers arrêtés par le Premier ministre Ousmane Sonko n’avaient pas lieu d’être puisque les entreprises chargées de ce travail n’avaient pas trempé dans des affaires illicites. Il a déploré aussi que la bande des filaos de Guédiawaye soit vendue à des nantis « pour leur faire plaisir » alors que ces arbres, plantés avant l’indépendance, avaient pour objectif de protéger les habitants de l’érosion côtière.
Par ailleurs, dit-il, « certaines parties de l’hôpital Le Dantec ont été vendues alors que l’État du Sénégal interdit de vendre le patrimoine bâti de l’État sans autorisation de l’Assemblée nationale. Mais, une partie a été cédée, de même que les sites de l’ancien ministère de l’Éducation nationale et l’ancien ministère des Infrastructures où [il avait ses] locaux ». Le candidat de renchérir : « On a même vendu des camps militaires et aéroports.
Par exemple, il y a une maison en face de l’hôpital Principal où habitait un de nos ministres. Il s’est levé un beau jour et a constaté qu’elle a été vendue à hauteur de 30 millions alors que c’était un terrain de 400 m2. Un membre du régime actuel l’a achetée et l’a revendue à un milliard de FCfa devant un notaire à un Libanais ».
TAS dénonce un favoritisme assumé
Engagé dans une diatribe contre le régime de Bassirou Diomaye Faye, Thierno Alassane Sall liste les différents maux qui, selon lui, freinent la bonne marche du Sénégal depuis plusieurs mois. Il accuse notamment les hautes autorités de couvrir certaines de leurs ouailles.
« Concernant la dette du Sénégal, on bénéficie d’un eurobond à chaque prêt et certaines personnes touchent des commissions. C’est leur deuxième eurobond alors que même les pays en guerre ne bénéficient pas de pareils taux d’intérêt », fustige Thierno Alassane Sall. Il s’est également insurgé contre les suspicions de détournements de fonds à l’Agence sénégalaise d’électrification rurale ainsi que le scandale présumé à l’Office national d’assainissement du Sénégal (Onas).
Selon lui, une Assemblée nationale forte pourrait se saisir de ces dossiers afin d’éclairer les Sénégalais. M. Sall va jusqu’à donner son propre exemple qui lui avait valu de quitter la mouvance présidentielle de l’ancien régime. « En 2017, j’ai dit clairement au président Macky Sall que je refusais de signer un contrat qui n’arrange pas le Sénégal. À l’époque, dire non était quasiment impossible.
Il a convoqué les gens de Total, de la Rts, des ministres, des généraux, mais j’ai refusé. Quand je serai à l’Assemblée, je ne défendrais que les intérêts du Sénégal », assure-t-il. La tête de liste nationale de la coalition « Sénégal Kesse », qui déplore un favoritisme assumé pour les militants du Pastef dans les nominations, annonce un grand changement s’il obtient une majorité au Parlement. « Le régime avait parlé de « Jub Jubal Jubanti » et commencé à poursuivre des personnes accusées de détournement de fonds, les empêchant de quitter le territoire national. Il y en a qui ont dilapidé l’argent du contribuable et bénéficié de milliards. Malheureusement, avec les élections, le régime a préféré mettre en avant les intérêts de son parti au détriment de celui du Sénégal, en les attirant dans ses filets.
Comment appelle t-on quelqu’un qui couvre un voleur ? Quand on aura la majorité à l’Assemblée nationale, on va supprimer les fonds politiques. Ils seront alloués au président de la République en surveillant leur utilisation. Populations de Guédiawaye et du Sénégal, notre sous développement n’est pas une fatalité ni un dessein des Occidentaux, c’est le fait d’institutions qui ne fonctionnent pas », martèle Thierno Alassane Sall.
Pour lui, l’Assemblée nationale doit avoir la capacité de mettre fin aux dérives du président de la République ou du Premier ministre. « Comme on le dit, le pouvoir arête le pouvoir. On doit avoir une Assemblée nationale capable de dire stop. Si vous voulez l’avoir, votez Sénégal Kesse », insiste-t-il. TAS a, en outre, dénoncé la violence notée dans la campagne électorale, singulièrement à Saint Louis. Il estime que ceux qui prennent les armes ou incitent à la violence ne sont mus que par leur intérêt.
Oumar dit Boubacar Wane NDONGO (Correspondant)