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Me Abdoulaye Tine, avocat et défenseur du Collectif des Victimes des Violences Électorales de 2012, tire la sonnette d’alarme. Pour lui, il est inacceptable de réduire les victimes des violences politiques de 2021 à 2024 à de simples « casseurs » ou « bandits ». Une telle stigmatisation, selon lui, est une injustice qui fragilise l’unité nationale et empêche toute réconciliation.

Les affrontements politiques de ces dernières années ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. Pourtant, leur souffrance est encore minimisée. Le gouvernement a annoncé une enveloppe de 5 milliards de F CFA pour les indemniser, mais Me Tine rappelle que cela ne suffit pas. « L’État a une obligation morale et juridique de garantir une réparation juste et équitable pour toutes les victimes, sans distinction politique », martèle-t-il.

L’avocat évoque le cas emblématique de Mamadou Diop, étudiant tué lors d’une manifestation contre le troisième mandat d’Abdoulaye Wade en 2012. Grâce à une procédure judiciaire, sa famille a obtenu 20 millions de F CFA de réparation, après la condamnation des policiers responsables. Mais combien d’autres familles attendent encore justice ?

Me Tine rejette l’idée que seules les procédures judiciaires permettent d’indemniser les victimes. Il rappelle que le Sénégal a déjà mis en place des mécanismes d’indemnisation amiables, notamment après le naufrage du Joola et les violences électorales de 2012. « L’État a le devoir d’apporter réparation, même lorsque les coupables ne sont pas identifiés ou insolvables », insiste-t-il.

Il cite en exemple la Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infractions (CIVI) en France, un modèle que le Sénégal pourrait adopter pour garantir un soutien permanent aux victimes.

La loi d’amnistie actuelle bloque toute poursuite contre les responsables des violences. Mais sa suppression annoncée pourrait rouvrir la porte à la justice. « Indemniser les victimes ne signifie pas renoncer aux poursuites judiciaires », rappelle Me Tine.

Face aux tentatives de récupération politique, il exhorte les Sénégalais à faire bloc contre toute manipulation. « L’indemnisation des victimes est un devoir national, pas un enjeu partisan », conclut-il.

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