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Chaque année, la commande publique de l’Etat représente des dizaines de milliards de francs CFA.  L’acquisition de véhicules constitue une part significative des dépenses. Chaque année, des milliers de véhicules administratifs arrivent en fin de vie. Mais une gestion peu rigoureuse de ces biens appartenant à l’Etat engendre une accumulation de véhicules administratifs hors service, disséminés dans les parkings des services rattachés et des garages de mécaniciens. Nombre d’entre eux sont immobilisés en raison de pannes mineures et demeurent inutilisés, parfois indéfiniment. Plutôt que de les laisser s’accumuler dans des parkings ou de les envoyer directement à la casse, un État peut en tirer parti de plusieurs manières stratégiques. Face à cette situation, il apparaît opportun d’envisager leur revente aux agents de l’administration publique à un prix forfaitaire ou, à défaut, leur cession en pièces détachées, permettant ainsi de générer des recettes pour l’État.

Dans une volonté affirmée de rationaliser les dépenses publiques, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a récemment adopté des mesures visant à optimiser la gestion des finances de l’État. Lors du Conseil des ministres du 8 janvier 2025, il a annoncé la mise en place d’un dispositif renforcé de suivi et d’évaluation des programmes et projets issus des 26 objectifs stratégiques et des réformes quinquennales 2025-2029.

Dans cette dynamique de rationalisation des dépenses publiques, une circulaire datée du 22 janvier a été publiée, rappelant l’impératif du respect de la réglementation en matière de missions à l’étranger. Ces initiatives, saluées par de nombreux citoyens, traduisent une volonté ferme de rationalisation et de mobilisation efficiente des ressources internes.

Seulement, l’urgence d’une gouvernance efficiente des deniers publics impose une réévaluation du sort réservé aux véhicules administratifs en panne. Faute probablement de budgets alloués à leur réparation ou pour des raisons encore à définir, ces véhicules s’accumulent dans les enceintes des ministères et dans leurs services décentralisés. On observe une concentration de ces véhicules hors d’usage au Palais de la République, à l’Assemblée nationale, au ministère des Finances et du Budget, au ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, ainsi qu’à l’ex-camp Lat Dior et à l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT). Ce constat s’étend à l’ensemble des services déconcentrés de l’administration publique.

De même, d’importantes quantités de matériels logistiques obsolètes sont entreposées sans réelle valorisation. La revente de ces équipements aux tiers, au prix du marché, constituerait une source de financement pour les services publics et permettrait d’alléger certaines charges budgétaires.

Création d’un service de revente et de réaffectation du matériel administratif

Afin de garantir la transparence dans la gestion des biens publics, la mise en place d’un service chargé du recensement, de l’évaluation et de la cession des véhicules et matériels hors service paraît indispensable. Ce dispositif devrait encadrer les modalités de vente dans une totale transparence et veiller à une gestion rigoureuse des fonds générés. À défaut d’une cession, il conviendrait d’évaluer la possibilité de remettre en service les véhicules et équipements encore fonctionnels, afin de les réaffecter aux services décentralisés qui en ont cruellement besoin. Une telle démarche présenterait un double avantage : d’une part, elle permettrait aux agents de l’État de disposer des moyens logistiques nécessaires à l’accomplissement de leurs missions et d’autre part, elle contribuerait à la préservation des finances publiques, tout en améliorant la sécurité et la salubrité dans les administrations.

Une administration publique en quête d’efficience

Dans plusieurs services décentralisés, les agents de l’État peinent à remplir leurs missions faute de ressources matérielles suffisantes. L’absence de véhicules de fonction et d’équipements adaptés entrave leur efficacité et freine le bon fonctionnement de l’administration. Dans ce contexte, il devient impératif d’adopter une approche plus pragmatique et plus efficiente, afin d’éviter le gaspillage des ressources publiques et de renforcer la performance de l’appareil administratif.

L’État, un grand consommateur aux pratiques coûteuses

Chaque année, l’État du Sénégal consacre des sommes colossales à l’achat de véhicules de fonction pour ses agents. Quand ils tombent en panne et, dans bien des cas, ne sont jamais réparés. Ils demeurent alors immobilisés pendant des mois, voire des années, sans qu’aucune initiative ne soit prise pour les récupérer ou, à défaut, les revendre au plus offrant.

Entre 2012 et 2020, l’État a ainsi dépensé 246 851 794 189 FCFA pour l’acquisition, l’entretien et la réparation de véhicules, ainsi que pour l’achat de carburant, soit une moyenne annuelle de 27,4 milliards FCFA. Une gestion plus efficiente des ressources permettrait d’optimiser ces dépenses et d’éviter des pertes financières considérables.

Une interrogation légitime sur l’avenir des véhicules des précédents régimes

À la suite de l’alternance politique, tous les véhicules de fonction de l’ancien régime ont été récupérés et ramenés à la présidence. Toutefois, leur destination reste inconnue. Qu’en a-t-on fait ? Ont-ils été redistribués, revendus ou laissés à l’abandon ? Par ailleurs, une nouvelle acquisition de véhicules de fonction serait prévue pour les députés de la 15ème législature.

Quid des véhicules de fonction de la 13ème législature et de la 14ème ?

Les véhicules de fonction de la 13ème législature ont été rétrocédés aux honorables députés, sur instruction des autorités d’alors. Car, ces dernières considéreraient, en effet, qu’un véhicule ayant parcouru un nombre conséquent de kilomètres en 5 ans était entièrement amorti. En revanche, pour la 14e législature, aucune dotation en véhicules n’a été prévue. Les députés ont bénéficié d’une indemnité forfaitaire.

Une réforme nécessaire pour une gestion plus vertueuse des ressources publiques

Le constat d’une accumulation de véhicules administratifs hors service et d’une gestion inefficace des ressources publiques souligne la nécessité d’une réforme en profondeur. L’État doit adopter une approche plus rationnelle et transparente en matière de gestion du patrimoine administratif.

L’une des solutions les plus évidentes est la mise en vente des véhicules encore fonctionnels ou réparables. Les enchères publiques permettent aux citoyens et aux entreprises d’acquérir ces véhicules à moindre coût, tout en générant des revenus pour l’État. Dans certains pays, des plateformes en ligne spécialisées facilitent désormais ces transactions, maximisant ainsi leur portée et leur efficacité.

La mise en place d’un service dédié à la revente et à la réaffectation du matériel hors d’usage, combinée à une politique de contrôle et d’optimisation des dépenses, constitue une solution pertinente pour limiter les pertes financières et améliorer la performance de l’administration publique. En définitive, une gouvernance plus rigoureuse et une meilleure valorisation des actifs de l’État permettront non seulement de réaliser des économies substantielles, mais également d’assurer une utilisation plus efficiente des ressources nationales, au bénéfice de l’ensemble des citoyens.

Plus de 20 milliards de FCFA de loyers annuels

Malgré un patrimoine immobilier conséquent, l’État du Sénégal est paradoxalement devenu son propre bailleur. En effet, les charges locatives qu’il supporte constituent un poids considérable pour le contribuable sénégalais. Afin de loger ses services tant sur le territoire national qu’à l’étranger, l’État débourse annuellement plus de 20 milliards de francs CFA en loyers.

Cette situation résulte, dans certains cas, de l’insalubrité et de la vétusté des bâtiments publics, rendant leur occupation impossible, et, dans d’autres cas, de la spoliation ou de la confiscation de biens immobiliers appartenant à l’État par d’anciens attributaires.

Face à cette problématique, la Société de Gestion du Patrimoine Bâti de l’État (SOGEPA-SN) entend pleinement exercer ses prérogatives afin de remédier à ces dysfonctionnements et de réduire significativement les charges locatives supportées par l’État.

D’ailleurs, Me Abdoulaye Tine, Président du Conseil d’Administration (PCA) de la SOGEPA-SN, a confirmé cette ambition lors d’une intervention sur SENEPEOPLE PLUS : « L’État du Sénégal dispose d’un important patrimoine bâti, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, dont la gestion relève de la SOGEPA-SN. Nous œuvrons avec détermination afin de permettre aux services de l’État d’être logés dans les infrastructures publiques disponibles et ainsi de réduire des charges locatives qui s’élèvent à plus de 20 milliards de francs CFA par an. »

JP MALOU, SUD QUOTIDIEN

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